L'affaire du «lynchage» du jeune Djamel Bensmaïl, dans la commune de Larbaâ Nath Irathen, soulève des inquiétudes. Des voix s'élèvent sur les réseaux sociaux appelant à la « vendetta». Des appels à la haine et à connotation «raciste» en dépit du fait que le «lynchage» public de Djamel Bensmaïl, présumé «pyromane», a soulevé choc et indignation. Une «tragédie» que les «ennemis» de l'Algérie veulent exploiter pour attenter à l'unité nationale en semant la zizanie et la diversion. Soulignant, jeudi dans son allocution à la nation, la nécessité de «nous mobiliser tous face à ceux qui tentent de semer la discorde entre les Algériens, voire entre une région et une autre», le président Tebboune a affirmé que «ces tentatives sont un crime en soi». Mettant en garde contre les parties qui «profitent de l'occasion pour semer la discorde», le chef de l'Etat a affirmé que «l'Etat algérien est un Etat indivisible, et le peuple est uni de Tizi Ouzou à Tamanrasset, et de Tebessa à Tlemcen. Ces questions sont tranchées et nous utiliserons tous les moyens offerts pour barrer la route à ces personnes qui veulent attenter à l'unité nationale». En dépit de ce message de «réconciliation», certaines parties tentent de profiter de cette pénible épreuve pour envenimer la situation et créer la discorde entre l'Armée et le peuple, et entre le peuple et l'Etat. Une tentative loin de laisser de marbre intellectuels, hommes politiques et acteurs de la société civile qui ont lancé un « appel à la raison». Une prise de position solennelle et courageuse. Contrairement à la fable de La Fontaine Le loup et l'agneau où l'appel à la raison de cette frange de la société civile se veut, avant tout un appel à la «sagesse». À cet égard, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Ahmed Taleb Ibrahimi a appelé le peuple algérien «à barrer la route aux détracteurs de l'Algérie», tout en insistant sur «la cohésion et l'entraide entre Algériens». Faisant le parallèle avec la guerre d'Indépendance, le responsable politique a rappelé qu'«en 1956, les martyrs Larbi Ben M'hidi et Abane Ramdane avaient demandé aux jeunes Algériens de faire abstraction de leur appartenance partisane étroite et à s'unir sous la bannière du FLN et de l'ALN». Pour étayer ses propos, il dira que «Si Ben M'hidi et Abane étaient toujours vivants ils auraient demandé à nos jeunes aujourd'hui de renoncer à leurs appartenances régionales étroites, et respectives, à consacrer l'unité nationale et à bannir toute forme d'exclusion ou d'extrémisme, avec pour seul objectif servir, préserver l'Algérie et protéger ses enfants.» Et de conclure que «dans toute cette histoire, ce qui marque le plus c'est la noblesse des sentiments des parents de Djamel Bensmaïl et leur patience, leur clairvoyance et leur tolérance». Une tolérance à laquelle appelle l'ancien ministre de la Communication et de la Culture et ex- diplomate, Abdelaziz Rahabi, qui souligne que «ce crime odieux ne saurait entacher les valeurs millénaires d'hospitalité et de fraternité de toute une région qui traverse une situation dramatique», précisant qu' «elle est portée par un élan national et spontané de solidarité et de compassion qui marque le temps de la fraternité, de l'union et de la responsabilité». Pour l'ancien médiateur de la République, Karim Younès, «la situation politique d'aujourd'hui ne diffère pas des remous vécus par le passé, bien au contraire, ils sont multipliés et ébranlent dangereusement l'existence d'une certaine idée de la nation.» Dans son appel à la sagesse, l'ancien président de l'APN note que «des esprits serviles tentent de nuire à notre pays. Ils sont de tous bords; n'incriminons pas les uns pour mieux autoriser les autres à la vindicte». Et d'inviter les citoyens à s'inspirer de «la population de Khemis-Miliana, et aux sages de la ville martyrisée, Larbaâ Nath Irathen qui nous ont montré la voie de la raison et de la sagesse». Un argument repris par le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) qui souligne que les discours de «haine et de fragmentation identitaire - adossés à un arsenal technologique - des plus adaptés, s'ils n'ont pas affecté la quasi-majorité de nos concitoyens, ils ont néanmoins contaminé les plus fragiles et les plus crédules». Un appel à la raison qu'il convient de saluer. D'autant qu'en ces moments où les passions deviennent délétères, cet appel à la raison et à l'unité nationale est le bienvenu.