Le groupe Intermarché s'intéresse de très près au marché algérien. Le terrain de la grande distribution étant carrément vierge, il convient, selon les Mousquetaires, de prospecter le marché afin de prendre connaissance des opportunités d'investissement. Interrogé sur les éléments qui détermineraient véritablement l'installation du groupe dans le pays, M.Pierre Gourgeon, président-directeur des Mousquetaires Intermarché, a énuméré trois points. D'abord, a-t-il signalé, il faut trouver de grandes surfaces stratégiques du point de vue proximité des grandes agglomérations. Ensuite, il s'agit de ne pas être paralysé par des difficultés administratives incommodantes. Il a, finalement, mis l'accent sur la nécessité de trouver des capitaux mais, plus essentiellement, des partenaires sérieux pour lancer une chaîne de distribution moderne. La franchise serait même, dans un premier temps, nettement envisagée. Chercher des partenaires privés répond au fait même que le groupement a cette particularité d'être constitué de l'union de 2.500 chefs d'entreprise «indépendants», insiste-t-on, qui ont adhéré aux valeurs des Mousquetaires. Ce sont, par ailleurs, ces mêmes adhérents qui détiennent les pouvoirs politiques. Cet aspect-là différencie le groupe des autres spécialistes de la grande distribution tels que Carrefour, Auchan et Casino. Une différence qui fait que le groupe des Mousquetaires Intermarché est beaucoup plus un groupement d'hommes que de capitaux. De ce fait, dès que le partenaire, propriétaire du point de vente, est coopté par ses pairs, il devient systématiquement un actionnaire à part entière. Ce qui rend difficiles, certes, les investissements directs, mais qui optimise incontestablement la production locale. Sur ce point, il faut signaler que le groupement travaille essentiellement avec les PME locales et fait promouvoir, de manière décisive, le produit du terroir. Privilégiant des partenaires de proximité, et afin de diminuer les coûts et réduire le nombre d'intermédiaires, les Mousquetaires vont au-devant des unités de production ou des coopératives agricoles. Toute la problématique ne tiendrait alors qu'à moderniser le commerce et faire de la grande distribution un moteur pour l'économie locale. La maxime est simple : plus de consommation signifie plus de production, rassure-t-on avant d'ajouter, à titre d'exemple, qu'un Français moyen dépense pas moins de 17.000 FF par an dans les grandes surfaces. L'expérience portugaise en ce domaine a démontré le bien-fondé de cette logique. Un expert n'a pas manqué de signaler qu'en moins de dix ans à peine, les producteurs agricoles portugais sont devenus très compétitifs grâce notamment à l'adoption d'une logistique plus moderne en matière de grande distribution. En dehors des domaines agricole et industriel, l'Algérie recèle, selon les experts, d'énormes potentialités en matière de pêche. «On a appris que le poisson meurt de vieillesse», a-t-on, d'ailleurs ironisé. Dans ce sens, l'un des adhérents au groupement a émis, hier, franchement le voeu de travailler avec des partenaires algériens afin de promouvoir le secteur de la pêche et favoriser les exportations, la logistique nécessaire étant déjà disponible. En s'installant en Algérie, Intermarché sera le premier grand distributeur à investir le marché algérien. Il sera certainement suivi des autres concurrents comme Leclerc ou encore Carrefour et Auchan. Il reste toutefois qu'«on ne peut parachuter un système de distribution tel qu'opéré en Europe sans que de nouvelles infrastructures soient mises en oeuvre et sans que la méthode, qui, jusqu'à aujourd'hui continue à fonctionner en Algérie subisse de véritables changements», a déclaré Raul Green, expert en la matière. Entre-temps, et durant son séjour en Algérie, le président du groupe compte véritablement prendre connaissance d'un marché qu'il dit ne pas connaître comme il faut. Il a déjà eu des entretiens avec des patrons privés et avec le directeur général de la Banque nationale d'Algérie. Il a examiné, également, le dispositif incitatif pour l'investissement étranger direct en Algérie auprès du directeur général de l'Agence nationale pour le développement de l'investissement. Les journées d'aujourd'hui et de demain seront, en revanche, consacrées à certaines visites sur le terrain et à des séances de travail dans différents ministères.