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«Le Maroc pousse à l'escalade»
Docteur Arslan Chikhaoui, expert en géopolitique et sécurité, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 31 - 08 - 2021

Décryptant la situation actuelle des relations algéro-marocaines, le docteur Arslan Chikhaoui n'exclut pas de nouvelles mesures que prendrait l'Algérie, compte tenu
de la réaction marocaine à la rupture des relations diplomatiques décidée par Alger. Instauration d'un visa de circulation, suspension des liaisons aériennes directes, fermeture des espaces aérien et maritime...sont autant de mesures très probables. Il explique le pourquoi du comment. Entretien.
L'Expression: Comment interprétez-vous la décision algérienne de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc?
Docteur Arslan Chikhaoui: L'Algérie a annoncé unilatéralement, le 24 août 2021, par la voix de son chef de la diplomatie, M. Ramtane Lamamra, la rupture de ses relations diplomatiques avec son voisin de l'Ouest, le Royaume du Maroc. Cette déclaration s'est faite dans le prolongement de l'annonce préalable du Haut Conseil de Sécurité de reconsidérer les relations entre les deux pays faisant suite au soutien politique, moral et financier de mouvements séparatistes et terroristes par le Maroc. Comme le dit l'adage: «La goutte qui a fait déborder le vase.» C'est la première fois dans l'histoire des relations bilatérales que l'Algérie porte publiquement à la connaissance de l'opinion nationale et internationale le contenu des contentieux bilatéraux afin de balayer toute spéculation qui attribue les tensions entre les deux pays uniquement à la question du Sahara occidental. Les neuf griefs contenus dans la déclaration de rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en atteste. Cette déclaration de rupture des relations diplomatiques bilatérales insiste sur le fait humanitaire et pour lequel l'Algérie considère qu'au-delà de la fermeture des missions diplomatiques qui la matérialiseront, les activités consulaires resteront opérationnelles pour permettre aux ressortissants des deux pays de ne pas être impactés dans leur quotidien. Il existe environ 12000 ressortissants algériens au Maroc installés légalement et environ 300000 ressortissants marocains installés en Algérie dont 10% clandestins soit 30000 qui vont être certainement expulsés.
Quels seront, selon vous, les impacts de cette rupture des relations diplomatiques sur les deux pays et les deux sociétés?
Ma compréhension d'une rupture des relations diplomatiques qui est toujours unilatérale est que sa mise en oeuvre se fera par étapes, la première étant d'attendre la réaction de la partie adverse. En effet, le Maroc a réagi rapidement à différents niveaux politico-diplomatiques, regrettant cette décision de l'Algérie et la qualifiant d'injustifiée considérant les arguments de «fallacieux, voire absurdes». Selon des observateurs avertis, cette réaction du Maroc est à la limite de l'insulte qui ne fait que pousser à l'escalade. En ce sens que le Maroc a réitéré par sa réaction officielle son refus de répondre aux demandes d'éclaircissements de la partie algérienne et son obstination est un affront à l'Algérie. De mon point de vue, l'Algérie va passer à d'autres étapes en annonçant des mesures telles que l'instauration d'un visa de circulation, la suspension des liaisons aériennes directes, la fermeture des espaces aérien et maritime en complément à la décision de considérer que l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel ne se fera plus via le gazoduc «GME» qui transite par le Maroc, mais par le gazoduc qui relie la ville côtière algérienne de Beni-Saf et l'espagnole d'Alméria. De ce fait, le Maroc sera privé d'approvisionner son marché domestique en GNL algérien à hauteur de 50% de sa consommation interne et des royalties d'environ 1 million de mètres cubes de gaz prélevés par jour. De plus, les retombées seront importantes sur les centrales électriques et les stations de dessalement à gaz sur lesquelles le Maroc a misé pour son développement économique durable. Il est clair que l'impact économique sera plus ressenti par le Royaume du Maroc que par l'Algérie, surtout si les espaces aérien et maritime seront fermés et qui pénaliseront avec des surcoûts financiers tous les mouvements de la Méditerranée occidentale vers la Méditerranée orientale et vers le Proche et Moyen-Orient.
Cette situation n'est pas censée durer éternellement. Comment en sortir à votre avis?
Selon des observateurs avertis, pour arriver à avoir entre les deux pays des relations bilatérales de confiance, apaisées et sereines, le règlement des contentieux découplés de la question du Sahara occidental qui perdurent depuis 1963 sont incontestablement des prérequis. Aussi, les agressions médiatiques où sous d'autres formes qualifiées de 3e et 4e génération (cybernétique, chimique, biologique, etc.) que le Maroc mène de manière récurrente devront impérativement cesser. Ce ne sera qu'à ces conditions de base que le retour à la normalité pourrait être envisagé. Les attitudes et comportements des acteurs extérieurs à la région (Turquie, UAE, Qatar, Chine, Russie, France, USA, UK, UE, Israël) et qui s'affrontent pour des enjeux aussi bien géopolitiques que géoéconomiques vont être décisifs dans l'évolution de cette crise qui, à ce stade, est un conflit de faible intensité. Il n'est pas à écarter qu'il risque d'évoluer en conflit de forte intensité dans le cas où le Maroc persiste dans son obstination. Toutefois, cette crise politico-diplomatique entre les deux pays n'empêche aucunement l'Algérie de s'atteler à la résolution des dossiers prioritaires de la région. D'une part, il s'agit de la crise libyenne et des relations avec le voisinage européen. La diplomatie algérienne est présentement sur l'organisation d'une réunion des pays voisins de la Libye prévue la semaine prochaine. D'autre part, elle continuera à affirmer le rôle facilitateur de l'Algérie dans la résolution des conflits au Sahel. Dans ces deux dossiers, les efforts de l'Algérie ont toujours été minés par le Royaume du Maroc dont les ambitions sont de maintenir la zone en et sous tension permanente. Alger compte peser de tout son poids pour accélérer le processus de dialogue politique et de réconciliation inclusifs. De plus, la diplomatie algérienne ne va certainement ménager aucun effort, dans le respect de la souveraineté des Etats, à soutenir un apaisement de la crise politique tunisienne par le dialogue et la concorde.


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