Le remake de Omar Hilale, portant sur le soutien du Maroc à une prétendue autodétermination de la Kabylie, sonne comme les ultimes soubresauts d'une bête blessée. Les divagations de l'ambassadeur marocain à l'ONU, actionné par son roi, n'auront pas l'honneur d'une réponse d'Alger qui a, tout simplement, décidé de couper le mal à sa racine. En rompant ses relations diplomatiques avec le régime de Rabat, l'Algérie a mis le Maroc devant ses responsabilités et remis le roi à sa vraie place, celle d'un allié de l'Etat sioniste, qui a trahi la cause palestinienne. Le masque du roi est tombé et a mis fin aux ambiguïtés et aux faux-semblants. À la tête du groupe menant une offensive, à l'Union africaine, pour imposer Israël comme membre observateur, Mohammed VI, président du comité El Qods, n'osera plus faire des discours creux, frisant le ridicule, en faveur d'un Etat palestinien. Il n'osera, également, plus s'attaquer à son voisin de l'Est, qu'il a cru, prétentieusement, avoir piégé en normalisant ses relations avec Israël. Fort du soutien des Israéliens aux plans du renseignement, l'armement, l'infiltration ou encore la déstabilisation, le Maroc a pensé remporter la bataille du leadership dans la région et asseoir définitivement sa mainmise sur le Sahara occidental. C'était compter sans la réplique de la diplomatie algérienne, qui a toujours eu un coup d'avance sur le royaume. En deux temps trois mouvements, l'Algérie ne s'est pas seulement sortie du guêpier dans lequel la monarchie a voulu la placer, mais a «dénudé» le roi en dévoilant sa fausse main tendue pour le dialogue. Inattendue, a été la réponse cinglante d'Alger pour le Makhzen qui a toujours pris la patience et la retenue que son voisin affichait depuis plus de cinq décennies, pour de la faiblesse. C'est d'ailleurs la raison qui a poussé le Makhzen à départager les rôles entre ses sujets en demandant à El Othmani, Premier ministre, de se démarquer des propos de Hilale. Juste une manière de jouer sur les deux tableaux, car il est bien connu que la politique étrangère au Maroc relève exclusivement du domaine royal et aucun homme politique marocain n'osera transgresser cette règle. À travers son Premier ministre, le Maroc a tenté de calmer les esprits dans l'espoir de ne pas perdre les avantages tirés du contrat Medgaz que l'Algérie a décidé de ne pas renouveler. Une tentative vaine, car Ramtane Lamamra a été très clair dans sa déclaration de rupture des relations diplomatiques. Le ministre des Affaires étrangères avait signifié au royaume que «l'Algérie refuse de subir des comportements et des actes condamnables qu'elle condamne énergiquement. L'Algérie refuse les faits accomplis unilatéraux aux conséquences funestes pour les peuples maghrébins. L'Algérie refuse de continuer à entretenir une fausse normalité ayant pour effet de maintenir l'ensemble maghrébin dans une situation de grave précarité, en porte-à-faux par rapport au droit international». Ferme, donc, Alger a mis fin aux manoeuvres stériles du Makhzen, qui se retrouve, aujourd'hui, face à l'impasse, car dans cette rupture des relations, il a beaucoup à perdre. C'est, d'ailleurs, estime le journaliste et ancien diplomate marocain, Ali Lemrabet, qui l'affirme en déclarant que «la rupture des relations diplomatiques entre l'Algérie et le Maroc arrive au pire moment pour Rabat. Les vents ne sont pas favorables au régime. Le palais royal et ses services secrets sont sortis affaiblis des multiples fronts qu'ils ont ouverts ces derniers mois». Dans un article publié, dernièrement, sur le site Middle East Eye, Lemrabet a expliqué que «les deux offensives diplomatiques contre l'Allemagne et l'Espagne ont tourné court. Le bras de fer avec Madrid, après l'hospitalisation du chef du Front Polisario, Brahim Ghali, en Espagne et le déferlement, provoqué par Rabat, de citoyens marocains sur Ceuta a aussi été remporté par l'Espagne». Mais il met l'accent surtout sur «la santé du roi Mohammed VI (qui) inquiète». Le Royaume chérifien, qui pense avoir le régime sioniste à ses côtés, semble oublier que le rêve de ce dernier est d'exploser la stabilité de tout le Maghreb, Maroc y compris. En introduisant le loup dans la bergerie, le Maroc risque d'être le premier à en pâtir.