Même s'il ne s'agit point d'une révélation et que son auteur ne fait que défoncer une porte ouverte, la déclaration faite, en cette fin de semaine, par un ex-militaire marocain, Abderrahim El Mernissi, a le mérite de rappeler à l'Algérie qu'il ne faut point baisser la garde car ses ennemis sont tapis dans l'ombre, pas loin de ses frontières. L'ancien soldat du royaume qui a refusé d'être un «esclave» du roi, comme il l'avait lui-même déclaré en 2017 après son installation en France où il avait demandé l'asile politique, a tenu à mettre en garde contre le «complot qui se trame contre l'Algérie» par l'entité israélienne et le régime marocain. El Mernissi a affirmé que le Makhzen est devenu le «plus grand ennemi» qui menace la sécurité et la stabilité du Maghreb et de l'Afrique du Nord «après avoir ouvert la voie à l'entité israélienne». Il a été catégorique «l'Algérie est la cible principale de cette normalisation, car elle constitue le plus grand obstacle à l'entité israélienne qui tente de diverses manières, depuis des années, d'entamer sa stabilité». Et d'ajouter «les positions historiques de l'Etat algérien face aux desseins sionistes et son soutien aux mouvements de libération l'ont placée au coeur des conspirations israéliennes». Le militaire qui a passé près de 16 ans dans les rouages de l'armée royale a aussi fait état du danger «des groupes extrémistes soutenus par l'entité israélienne en Afrique du Nord, qui menacent la sécurité de toute la région». «Israël, avec la complicité du régime du Makhzen, jouera toutes les cartes afin d'enclencher la mèche de destruction dans la région qui ne supporte pas davantage de tensions», a-t-il fait remarquer. Ce danger évoqué par Abderrahim El Mernissi, l'Algérie en est pleinement consciente. D'ailleurs, après la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, la diplomatie algérienne a tenu juste à rappeler que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation. Une question qui ne peut faire l'objet d'un pacte honteux passé entre le roi Mohammed VI et le président américain sortant, Donald Trump, sur le dos des peuples sahraoui et palestinien. Sur le plan diplomatique, c'est là une manière de dire que ce n'est point une surprise en plus du fait qu'il s'agit d'une affaire «israélo-marocaine». Mais l'Algérie a tenu à faire comprendre à ses ennemis qu'elle n'est pas sans connaître les visées d'une telle normalisation. Et c'est le président de la République, son Premier ministre, le porte-parole du gouvernement et encore l'Armée nationale populaire qui ont pris le relais pour mettre le doigt sur le mal qui guette le pays. Abdelaziz Djerad a évoqué le danger sioniste qui était à nos frontières, l'état-major de l'armée a appelé le peuple à se tenir prêt et le président a martelé fermement que «l'Algérie est forte et ne sera pas déstabilisée». Des déclarations qui ne laissent plus aucun doute que les hautes autorités du pays détiennent des informations précises sur le plan ciblant l'Algérie. Et même si aucun n'a cité nommément le voisin de l'Ouest, il est maintenant clair que le royaume a vendu son âme au diable et est prêt à toutes les «sales besognes» pour satisfaire son délire expansionniste. Un délire qui risque de le mener à sa perte. Et c'est l'ex-militaire marocain, El Mernissi, qui l'affirme «la normalisation avec l'entité sioniste accélèrera la chute de la monarchie au Maroc (...)». Et il n'est pas le seul. Le politologue marocain spécialiste du sionisme, Hicham Tewfik, a lui également soutenu que «le but de la normalisation et du projet sioniste au Royaume du Maroc est d'attiser les conflits dans la région du Maghreb arabe pour la disloquer» tout en insistant sur le fait que la rue marocaine qui rejette cette normalisation est en ébullition. Poussant l'analyse encore un peu plus, Hicham Tewfik dit «il est illusoire de croire que l'entité sioniste et son alliée américaine apporteront leur soutien au Maroc. Dans la stratégie du mouvement sioniste, la normalisation n'a pas pour objectif un échange d'intérêts entre les peuples, mais d'infiltrer certains régimes, comme le régime marocain, pour annihiler les forces vives qui rejettent ses plans». C'est dire que le Maroc joue avec le feu. En devenant complice des sionistes pour cibler l'Algérie, il ne se rend pas compte qu'il va à sa propre perte.