La mobilisation générale a été décrétée ce week-end en Guinée pour déjouer d'éventuels plans visant à plonger le pays dans la spirale de la violence au lendemain des échauffourées à caractère "politique et ethnique" ayant mis aux prises des partisans des deux candidats au deuxième tour de la présidentielle. Les actes de violences enregistrés, au lendemain du report à une date ultérieure du second tour de la présidentielle, à Conakry et dans deux autres localités, en l'occurrence Kankan et Siguiri, ont fait réagir le président par intérim, le général Sékouba Konaté, qui a affirmé que des "mesures seront prises contre les auteurs des violences inter-ethniques". Selon des médias, des militants du candidat Cellou Dalein Diallo (UFDG) ont été attaqués par des communautés favorables à l'autre postulant à la présidentielle, Alpha Condé, qui a "implicitement" accusé ses adversaires d'avoir intoxiqué des populations qui le soutiennent. M. Condé a, toutefois, appelé à la "tranquillité", surtout à l'intérieur du pays "où parfois des informations arrivent déformées", a-t-il constaté, allant dans la même logique que le Premier ministre, Jean Marie Doré, qui a ordonné aux autorités régionales de "rétablir l'ordre et la discipline dans tout le pays". La réaction du chef du gouvernement de la transition vient ainsi réitérer la détermination des autorités guinéennes à faire face aux violences et préserver l'unité nationale, en vue de parachever dans de "meilleures conditions" le processus de sortie de crise. S'exprimant dans ce contexte, le général Konaté, cité par des médias, a indiqué que l'Etat prendra ses "responsabilités contre tous les fauteurs de troubles", ajoutant que "ce sera la tolérance zéro contre les délinquants et les auteurs des actes criminels". Rappelant que la Guinée n'est pas la propriété de personne et que le pays appartient à "tous les Guinéens", le chef de l'Etat s'est opposé à toute mauvaise intention de s'attaquer aux citoyens à cause de leur appartenance politique, religieuse ou ethnique. La Guinée traverse une crise politique depuis décembre 2008, lorsqu'une junte militaire avait pris le pouvoir après le décès du président Lansana Conté. Toutefois, des accords politiques ont été conclus entre les protagonistes de la crise en vue de rétablir l'ordre constitutionnel avec le soutien de la communauté internationale, l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest. Le point fort de ce plan de règlement est incontestablement l'élection présidentielle dont le premier tour a eu lieu en juin dernier donnant victoire aux candidats Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. Quant au deuxième tour, il a fait, à deux reprises, l'objet de report en raison, d'une part, de "dysfonctionnements" au sein de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et des retards constatés dans la préparation des opérations de vote, d'autre part. Récemment, un nouveau président à été désigné à la tête de la Commission électorale, en l'occurrence le général malien, Siaka Toumany Sangaré, auparavant expert technique représentant l'Organisation internationale de la francophonie auprès de la CENI. Le général Sangaré, qui s'est joint à l'appel à la mobilisation de toutes les forces en Guinée a demandé aux populations de croire en leur destin. "Le peuple de Guinée doit croire en son destin. Je ferai tout pour mériter la confiance placée en moi, en m'acquittant de ma tâche en toute célérité, honnêteté, efficacité, impartialité et dans une indépendance totale", a-t-il dit. Pour le responsable de la CENI, la nouvelle date qui sera fixée pour le deuxième tour du scrutin, devrait constituer "un horizon d'espoir et de renaissance démocratique".