Ressorti des cartons à la faveur d'une actualité politique et économique qui en a fait un chantier stratégique pour l'ensemble afro-méditerranéen, le projet de gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria à l'Europe à travers l'Algérie et le Niger, a gagné en lisibilité et devient réalisable. Cette perspective est d'autant plus réaliste que l'étude de faisabilité est bel et bien terminée. Le P-DG de Sonatrach, Toufik Hakkar, qui a fait cette révélation, hier, au forum de la radio publique chaîne 1, a indiqué que ladite étude a été soumise aux entreprises des deux pays africains, l'Algérie et le Nigeria. Le travail d'experts a concerné la demande sur le gaz au plan régional, en hausse substantielle, mais également en rapport avec le prix du gaz. Hakkar signalera dans son propos que le coût de l'unité calorique est passée de 10 à un dollar seulement en 10 ans. Pour le P-DG de Sonatrach, les nouveaux tarifs rendent le projet de gazoduc transsaharien réalisable, en ce sens que cela peut «influer sur la prise de décision de lancer un tel investissement». Une expertise qui encourage le lancement d'une étude orientée sur le marché, histoire de «déterminer la demande sur le gaz avant de trancher sur l'opportunité de s'engager dans ce projet». Cette approche commerciale, pour nécessaire qu'elle soit, demeure quelque part formelle, compte tenu de la dimension stratégique du projet censé générer des subsides considérables aux pays concernés par le tracé, en sus de la stabilisation économique et sociale, à long terme. Il faut souligner que la fluctuation des prix pourra être prise en charge par des mécanismes à développer dans le futur, sachant surtout que l'étude technique du projet est «ficelée et le tracé du gazoduc défini», assure le P-DG de Sonatrach, qui a réalisé l'étude de faisabilité. Alger est en attente d'une ratification par Abuja de l'accord intergouvernemental signé en 2009, rendant le projet officiellement réalisable. Inscrit au programme du Nepad, le gazoduc transsaharien a fait l'objet d'une tentative de déviation du projet par le Maroc. La diplomatie algérienne qui revient en force ces derniers mois en fait l'une de ses priorités. Ramtane Lamamra a évoqué le sujet avec son homologue nigérien et révélé une prochaine visite du ministre de l'Energie et des Mines à Niamey pour discuter les détails. Il semble donc que le Maroc soit totalement disqualifié. Le P-DG de Sonatrach a évoqué d'autres grands projets. Celui du phosphate intégré de Bled El Hadba (Tébessa) en est un. D'un investissement de 6 milliards de dollars, il devrait être lancé au début de l'année 2022. Le choix du partenaire, qui contribuera au financement de cet immense projet qui s'étale sur trois wilayas, aura lieu vers la fin de l'année en cours. Dans le domaine des industries de transformation, la station de Hassi Messaoud, d'une capacité de 5 millions de tonnes «sera lancée au cours du dernier trimestre de l'année en cours», informe le P-DG.cet apport couvrira la demande locale en essence. L'autre projet arrivé à maturité, est celui de l'unité de production de polypropylène, en Turquie, dans laquelle Sonatrach est engagée à hauteur de 34%. Le nom du partenaire qui sera chargé de la réaliser «devrait être annoncé dans les prochains jours», a annoncé Toufik Hakkar.