La situation s'est détériorée entre les deux mouvements palestiniens ponctuée par des violences. Loin de rassurer ou d'apporter la sécurité aux Palestiniens, la force «spéciale» de 3000 hommes créée par le Hamas, devenue opérationnelle mercredi, a ravivé les antagonismes et suscité la tension entre les deux mouvements rivaux du Hamas et du Fatah. Hier et jeudi, des affrontements, qui ont fait trois blessés, ont été signalés entre la nouvelle «police» du Hamas et les services de sécurité de l'Autorité palestinienne. Faisant peu cas des mises en garde du président Abbas, le gouvernement du Premier ministre, issu du Hamas, Ismail Haniyeh, est ainsi passé à l'acte en rendant opératoire une force «spéciale» de police qui fait double fonction avec la police officielle palestinienne, placée sous le contrôle de la présidence palestinienne. Les nouveaux ‘'policiers'', Kalachnikov au poing et grenades à la ceinture, barbus, et circulant dans des voitures rutilantes, sirènes hurlantes, se comportent plus comme des militants islamistes en démonstration de force qu'en policiers chargés d'assurer la sécurité pour tous. Un spectacle affligeant qui déconsidère un peu plus l'image de l'Autorité palestinienne et le pouvoir du président Abbas, défié sur ses propres prérogatives par le gouvernement du Hamas. Hier, les accusations et contre-accusations fusaient entre représentants du Hamas et du Fatah. Un capitaine de la police officielle, Abou Ahmed, proche du Fatah, a ainsi indiqué que «Le Hamas au pouvoir est un échec et sa nouvelle force est totalement illégale. Elle ne mènera qu'au chaos et à plus de troubles», réitérant, «Faire la police dans les rues, c'est notre travail!». Ce qui n'est pas l'avis du porte-parole du ministère Intérieur du Hamas, Khaled Abou Hilal, selon lequel «Les forces de sécurité sont totalement incapables d'assurer la sécurité à cause des officiers corrompus, payés par les Etats-Unis, qui prennent part à la conspiration mondiale pour faire chuter le gouvernement du Hamas». Les policiers «spéciaux» du Hamas cantonnés à Ghaza, agissent parallèlement aux services de sécurité officiels, mais sans contact avec ceux-ci comme l'indiquait hier un officier des services de sécurité de l'Autorité palestinienne, Hakim Al-Cheikh, selon lequel «Il n'y a pas d'échanges entre nous et eux. Nous faisons notre métier de policier pour maintenir la loi et l'ordre et nous n'avons besoin de personne». Il n'en reste pas moins que depuis mercredi, jour de la mise en service de la nouvelle «police» du Hamas, la tension n'a cessé de monter entre les deux forces qui se font face se donnant le spectacle devant un monde consterné. Face à la situation induite par l'apparition de la nouvelle «police», le président Abbas a fait dépêcher des forces supplémentaires à Ghaza dans l'optique de faire face à la nouvelle donne créée par l'initiative du Hamas. Dans un communiqué de la présidence il y est indiqué en effet que «Le président a ordonné aux responsables de la sécurité de renforcer la présence des forces de sécurité régulières palestiniennes à Ghaza». «Aucune nouvelle force de police ne peut être formée sans l'ordre et l'approbation explicite du président Mahmoud Abbas», a souligné d'autre part la présidence, précisant que la coexistence de deux forces chargées de «maintenir la loi et l'ordre à Gaza est intenable». De fait, un membre du bureau de Mahmoud Abbas a affirmé jeudi, dans une mise en garde, que le «déploiement» d'une nouvelle force à Ghaza « peut mener à la guerre civile», insistant sur le fait qu'elle «doit se retirer immédiatement de toutes les rues et permettre aux hommes des forces de sécurité de mener leur mission». Ismail Haniyeh, affirme pour sa part que cette force avait «été formée en respectant la loi, la loi fondamentale et conformément à un accord avec le président Abbas». Allégations démenties par la présidence qui affirme que cette force a été mise en place en violation de la Constitution et sans consultation avec la présidence, qui supervise les forces de sécurité selon la loi fondamentale palestinienne. De fait, la surenchère engagée par le Hamas contre le pouvoir du président Abbas -et partant contre le crédit de l'Autorité palestinienne- n'est faite pour valider la capacité des Palestiniens à se prendre en charge et faire face aux difficultés de la vie de tous les jours auxquelles est confrontée la population palestinienne. Trop d'armes circulent dans les territoires palestiniens, aussi ce n'est certes pas à un surcroît d'hommes armées dont les Palestiniens ont besoin, mais de sécurité et de travail Aussi, notent les observateurs, les milices, à défaut d'être désarmées, doivent se retirer des rues pour laisser les services officiels de sécurité faire leur travail. Ce qu'affirme entre autres, la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice qui, s'exprimant sur la situation dans les territoires occupés a indiqué jeudi que «Tous les partis devraient respecter la nécessité pour le peuple palestinien de vivre dans un environnement sécurisé, sans violence dans les rues». «L'Autorité palestinienne a toutes les raisons et l'autorité de contrôler» la situation, a par ailleurs estimé Mme Rice lors d'une conférence de presse commune avec son homologue saoudien, le prince Saoud Al-Fayçal.