Le déploiement mercredi de « la force de soutien », créée par le ministre palestinien de l'intérieur Saïd Siam, dans les rues des villes de la bande de Ghaza, a de nouveau mis en relief les profonds désaccords existant entre les deux pôles de l'autorité palestinienne, représentée par le gouvernement issu du Hamas et la présidence dominée par le fatah. cette force composée d'après le ministre de l'intérieur de 3000 hommes, portant des armes automatiques et des lances roquettes anti- chars, pour certains d'entre eux, sont presque exclusivement des militants des brigades Ezzedine Al Qassam, la branche armée du Hamas, vainqueur des dernières législatives palestiniennes. « La force d'appui à la police n'est pas un nouvel organe (...). Elle fera partie de la police mais sera sous mes ordres directs », a cependant souligné M. Siam. « La faiblesse actuelle des forces de sécurité est claire pour tout le monde. Il y a des vols, des meurtres et des enlèvements, c'est pourquoi il y a un besoin réel d'une telle force », a-t-il dit. Néanmoins, leur descente à visage découvert dans la rue a suscité une vive inquiétude des citoyens de la bande de Ghaza, qui souffrent fortement,déjà, suite à la grave crise financière qui frappe les territoires palestiniens, en raison de l'arrêt des aides directes fournies à l'autorité palestinienne par les pays donateurs, essentiellement les états-unis et les pays de l'union européenne, depuis l'accession,en mars, du Hamas au pouvoir. la population palestinienne craint des affrontements entre cette nouvelle force et les forces de sécurité de l'autorité palestinienne, ce qui risque de plonger le pays dans une guerre civile sanglante dont les conséquences ne peuvent être que désastreuses pour l'ensemble des palestiniens, ainsi que pour l'avenir de leur cause nationale. ce sentiment de peur a été renforcé par les ordres du président Mahmoud Abbas, aux services de sécurité, de s'opposer au déploiement de la force de sécurité dépendant du ministre Siam. « Le président a ordonné aux responsables de la sécurité de renforcer la présence des forces de sécurité régulières palestiniennes à Ghaza », a affirme un communiqué de la présidence. « Aucune nouvelle force de police ne peut être formée sans l'ordre et l'approbation explicite du président Mahmoud Abbas », a insisté la présidence, ajoutant que la coexistence de deux forces chargées de « maintenir la loi et l'ordre a Ghaza est intenable ». Le déploiement d'une nouvelle force à Ghaza « peut mener à la guerre civile », a mis en garde un membre du bureau de M. Abbas. Elle « doit se retirer immédiatement de toutes les rues et permettre aux hommes des forces de sécurité de mener leur mission », a-t-il ajouté. Le Premier ministre Ismaïl Haniyeh issu du Hamas a, de son côté, assuré devant plusieurs centaines de membres de cette force devant son bureau à Ghaza, que leur unité avait « été formée en respectant la loi, la loi fondamentale, et conformément à un accord avec le président Abbas », ce que la présidence a démenti. 24 heures à peine après le déploiement, un premier affrontement a opposé des policiers palestiniens et des membres de cette force en plein centre de Ghaza. un premier bilan fait état de trois blessés, deux policiers et un membre de la force relevant du ministre de l'intérieur .ces événements sont très inquiétants, surtout qu'ils surviennent dans un contexte de chaos sécuritaire marqué par des affrontements meurtriers entre des militants des mouvements Fatah et Hamas. six militants des deux camps ont été tués durant les deux dernières semaines, soit lors d'affrontements directs ou au cours d'opérations d'assassinats. La forte tension qui régnait dans les territoires, suite à l'embargo international et les agressions israéliennes répétées, vient d'être renforcée par ce nouvel épisode de lutte entre le gouvernement et la présidence pour le contrôle des services de sécurité. cette nouvelle crise, qui survient dans la foulée des graves problèmes marquant le quotidien des citoyens palestiniens qui luttent âprement pour assurer le pain quotidien à leurs enfants, relègue ces problèmes au second plan, sachant que rien ne peut égaler l'enfer de la guerre civile .