Le gouvernement malien, accusé de vouloir recruter des «mercenaires» à la suite d'informations sur des discussions avec la société de sécurité privée russe Wagner, a affirmé dimanche qu'il lui appartenait de «décider quels partenaires il peut solliciter ou pas». «S'agissant de la volonté prêtée aux autorités maliennes d'engager des ''mercenaires''», le gouvernement de transition dirigé par les militaires invoque l'exercice de sa «souveraineté» et «le souci de préserver son intégrité territoriale», dans un communiqué publié par son ministère des Affaires étrangères. Sans citer de pays ni la société Wagner, il affirme qu'il «ne permettra à aucun Etat de faire des choix à sa place et encore moins de décider quels partenaires il peut solliciter ou pas». La France et l'Allemagne ont prévenu qu'un déploiement des paramilitaires du groupe russe remettrait en cause leur engagement militaire au Mali. Et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays) a condamné jeudi «la volonté des autorités de la transition d'engager des compagnies de sécurité privées au Mali», s'alarmant des «conséquences certaines sur la détérioration de la situation sécuritaire» dans le pays et la région. Le gouvernement malien dénonce dans son communiqué, publié en réaction à des déclarations du ministre nigérien des Affaires étrangères Hassoumi Massoudou, «des rumeurs et des articles de presse commandités s'inscrivant dans le cadre d'une campagne de dénigrement de notre pays et de ses dirigeants». Dans une interview à RFI vendredi, le ministre nigérien a qualifié de «diversion» par rapport à l'organisation des élections en février les «Assises nationales de la refondation» que souhaite organiser préalablement pendant près de deux mois le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga. La communauté internationale, notamment la France, s'inquiète ouvertement du respect par les putschistes qui ont renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta du calendrier de la transition, en particulier la tenue d'élections en février. La Cédéao a prévenu que cette date était «non négociable» et exige des autorités de transition d'ici à la fin du mois d'octobre un échéancier des étapes essentielles avant les élections. Le gouvernement malien ne s'est jusqu'à présent pas exprimé directement de manière officielle sur l'existence de contacts avec Wagner, mais le Premier ministre y a fait allusion jeudi lors d'une rencontre avec l'association «Forum de Bamako».»Il y des partenaires qui ont décidé de quitter le Mali pour se replier sur d'autres pays, il y a des zones qui sont abandonnées», a-t-il dit, en référence au redéploiement des forces françaises au Sahel qui vont quitter une partie de leurs positions dans le nord du Mali pour se concentrer sur la zone aux confins du Niger et du Burkina Faso. «Est-ce qu'il ne faut pas avoir des plans B?», a poursuivi M. Maïga. «C'est cette réflexion qui conduit à des débats aujourd'hui, où on nous accuse de vouloir changer de stratégie», a-t-il estimé. Dès juin «j'avais dit très clairement qu'il faut qu'on ait la possibilité de regarder vers d'autres horizons, qu'on élargisse les possibilités de coopérations pour maîtriser notre défense nationale», a-t-il ajouté. De source française proche du dossier, le gouvernement malien étudie la possibilité d'un contrat avec Wagner sur le déploiement d'un millier de paramilitaires russes, pour former les forces armées et assurer la protection des dirigeants. Une source au ministère malien de la Défense a confirmé sous le couvert de l'anonymat l'existence de pourparlers avec la société russe.