L'ex-rébellion à dominante touareg au Mali a mis en garde, jeudi, la junte contre l'éventuelle conclusion d'un accord avec la société de sécurité privée russe Wagner, l'appelant à reconstituer l'armée plutôt qu'à s'en remettre à des «milices». La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), signataire en 2015 d'un accord de paix avec le gouvernement et les groupes armés pro-Bamako, dit dans un communiqué avoir appris par «les médias et les réseaux sociaux que le gouvernement du Mali serait sur le point de conclure un accord avec le groupe de mercenaires russes (Wagner)». «La CMA estime que la priorité pour la stabilité du Mali est d'aller rapidement à la mise sur pied de l'armée reconstituée, conformément aux dispositions de l'Accord pour la paix et la réconciliation», selon le texte. Cet accord, encore largement inappliqué, prévoit notamment la refondation d'une armée plus représentative de l'ensemble des populations, notamment par l'intégration d'ex-combattants des groupes armés signataires. L'ex-rébellion du nord du pays «rappelle que ce sont les populations civiles déjà meurtries et fragilisées par une décennie de crise qui vont payer le prix de l'utilisation des mercenaires du groupe Wagner connus pour leurs graves violations des droits de l'homme dans les pays où ils sont déployés». De source française proche du dossier, les militaires au pouvoir à Bamako étudient la possibilité de conclure avec Wagner un contrat sur le déploiement d'un millier de paramilitaires russes au Mali moyennant finances, pour former leurs forces armées et assurer la protection des dirigeants. «La CMA condamne et s'oppose fermement à tout usage des milices quels que soient leur nature et le motif qui les sous-tend et tient entièrement l'Etat malien pour responsable de ce qu'il adviendra s'il s'exécutait malgré tout», ajoute-t-elle. La France et l'Allemagne, toutes deux présentes militairement au Mali, ont prévenu que cet engagement serait incompatible avec un déploiement des paramilitaires du groupe russe. Malgré la signature de l'accord de paix en 2015 et la présence de forces françaises, internationales et régionales, le Mali est en proie à des violences terroristes et intercommunautaires entremêlées. Ces violences se sont propagées du nord au centre du pays ainsi qu'au Burkina Faso et au Niger voisins. En phase de transition depuis des mois, le Mali s'est engagé auprès de la Cédéao et de l'Union africaine à organiser des élections générales en février 2022 mais les conditions actuelles conduisent les observateurs à s'interroger sur la faisabilité du calendrier adopté en août 2020 pour un délai incompressible de dix-huit mois. Par ailleurs, les forces françaises ont tué au Mali le chef du groupe jihadiste Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid al-Sahraoui. «Il s'agit d'un nouveau succès majeur dans le combat que nous menons contre les groupes terroristes au Sahel», a tweeté le président Emmanuel Macron dans la nuit de mercredi à jeudi. Cet été, Paris avait déjà annoncé la mort ou la capture de plusieurs cadres de haut rang de l'EIGS par la force française Barkhane et ses partenaires. La frappe française qui a tué Adnan Abou Walid al-Sahraoui s'est déroulée «mi-août» à l'issue «d'une manoeuvre de renseignement et grâce à plusieurs opérations de capture de proches d'al-Sahraoui», a précisé la ministre des Armées, Florence Parly lors d'une conférence de presse. L'«émir» circulait comme passager sur une moto qui a été frappée par un drone reaper dans une zone au sud d'Indelimane, au Mali, dans la zone des trois frontières, a détaillé le chef d'état-major Thierry Burkhard.