Le procès de l'ancien président irakien et de ses coaccusés s'est poursuivi hier. Plusieurs quartiers de la capitale irakienne, Baghdad, ont été hier la cible d'une vague d'attentats, qui ont fait, selon le bilan établi en début d'après-midi d'hier, 52 morts et plusieurs dizaines de blessés, au moment où le Premier ministre Nouri Al-Maliki n'arrive pas à pourvoir les portefeuilles des postes de sécurité (Défense, Intérieur et Sécurité) en attente d'un titulaire. D'autre part, le défilé des témoins au procès de l'ancien président irakien, Saddam Hussein, s'est poursuivi hier dans une indifférence grandissante. Des quartiers de Baghdad ont renoué hier avec la violence lors d'attentats meurtriers qui ont fait 52 morts parmi la population. Ces attentats, qui se sont multipliés depuis l'investiture du gouvernement Maliki la semaine dernière, font suite à ceux commis dimanche et samedi et lors du week-end, portant le nombre des Irakiens tués en moins de cinq jours à plus de 100. Attentats à la voiture piégée, attentats suicide ont constitué un cocktail des méthodes employées par les groupes armés qui font baigner l'Irak dans le sang. Cette situation qui laisse le gouvernement désarmé n'a pas manqué d'alarmer les députés qui réclament la rapide prise en charge de la sécurité dans le pays alors que les postes de ce secteur attendent toujours leurs titulaires. Intervenant samedi, le président Jalal Talabani a insisté sur la nécessité de confier ces postes à des personnalités indépendantes sans liens avec des partis ou des milices armées, selon un communiqué de son bureau. Le hic, c'est que chiites, sunnites et Kurdes n'arrivent pas à s'entendre sur la qualité des personnalités devant prendre en charge ces postes névralgiques pour la sécurité de l'Irak et des Irakiens. Le communiqué du bureau de la présidence a également indiqué que «le Conseil présidentiel se propose de réunir les chefs des groupes politiques pour choisir des ministres de l'Intérieur et de la Défense et en finir avec cette question», mais cette réunion ne semble pas devoir avoir lieu dans un proche avenir tant les divergences apparues excluent, pour le moment, sa tenue. Le fait est que plus d'une semaine après son investiture, le 19 mai dernier, Nouri Al-Maliki -qui a promis de compléter son gouvernement dans les trois jours- n'arrive pas à tenir sa promesse quoique des sources proches du Premier ministère indiquent que le choix des hommes aurait été fait, reste cependant à le faire approuver par les groupes politiques qui ne semblent pas convaincus par la liste de M.Maliki. Dans l'attente que ces trois postes soient pourvus, ce sont M.Maliki et les deux vice-Premiers ministres qui les occupent provisoirement. Au plan judiciaire, le Haut tribunal pénal irakien a repris hier la 29e audience du procès du président irakien déchu, Saddam Hussein, et de ses coaccusés dans l'affaire de la mort de 148 villageois à Doujaïl en 1982, avec l'audition des témoins de la défense, dont le premier d'entre eux a été l'ancien vice-Premier ministre, Tarek Aziz, dont c'était la première apparition publique depuis son arrestation en avril 2003. Hier, le premier témoin à paraître à la barre a déposé en faveur d'Awad Al-Bandar, ancien président du Tribunal de la révolution qui avait jugé et condamné à mort plusieurs des 148 chiites de Doujaïl, après l'attentat manqué contre le convoi de Saddam Hussein. Mais, d'une manière générale, outre l'indifférence qui commence à peser sur ce procès qui traîne en longueur, les audiences d'hier et de dimanche ont été éclipsées par la recrudescence de la violence et le grand nombre de victimes qu'elle a induit notamment à Baghdad. Sur un autre plan, une affaire quelque peu oubliée -qui risque de devenir le nouveau scandale genre Abou Ghraïeb- celle des 24 Irakiens tués à Haditha -dont de nombreuses femmes et des enfants- en novembre dernier, par des marines de la compagnie Kilo, a refait surface cette semaine suite aux déclarations d'un représentant démocrate inquiet des tentatives qui auraient été menées en vue «d'étouffer» l'affaire. «Il n'y a aucun doute», affirmait sur la chaîne de télévision ABC, l'influent représentant démocrate, John Murtha, selon lequel les militaires ont tenté d'étouffer l'affaire. Interrogé à quel niveau l'affaire aurait été étouffée, M.Murtha a souligné: «C'est ce que nous essayons de savoir, nous ne savons pas jusqu'à qui c'est remonté».Lui faisant écho, le représentant républicain, John Kline, avertissait de son côté hier que cette affaire «(...) va devenir une vilaine histoire». Après Abou Ghraïeb, l'histoire semble se répéter avec des Irakiens victimes des dérapages collatéraux des soldats américains.