Il n'y a pas qu'en Algérie où l'on reproche aux autorités françaises d'octroyer des visas Schengen au compte-gouttes. Au Maroc aussi la presse dit avoir décelé une volonté de Paris de durcir sa politique d'octroi de visas pour les Maghrébins. Le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia indique, à ce propos, que le Sénat, la deuxième chambre du Parlement français, vient d'approuver un projet de loi sur l'immigration et l'asile assez restrictif en la matière. Le journal marocain rappelle, dans un article publié le 26 juillet dernier, que ce texte prévoit de limiter l'immigration clandestine, notamment en provenance des pays d'Afrique du Nord, en premier lieu le Maroc, du fait qu'un grand nombre de ses ressortissants vivent en situation irrégulière en France, aux côtés des Algériens. Al Ahdath Al Maghribia signale que «cette nouvelle loi (...) comporte également une disposition visant à réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants de pays n'ayant pas coopéré avec l'Hexagone afin d'expulser leurs ressortissants illégaux, tels que le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, le Mali et d'autres pays». La publication marocaine fait allusion particulièrement à l'article 11A de cette loi adoptée en avril dernier par le Sénat français, qui stipule que «le visa de long séjour peut être refusé au ressortissant d'un Etat délivrant un nombre particulièrement faible de laissez-passer consulaires ou ne respectant pas les stipulations d'un accord bilatéral ou multilatéral de gestion des flux migratoires». Al Ahdath Al Maghribia signale à ce propos que «le Maroc n'a délivré que 27,5% des laissez-passer consulaires qui lui ont été sollicités par les autorités françaises». Autrement dit, la presse marocaine est persuadée que la France utilise le levier des visas comme une carte de pression pour obliger les pays à être plus coopératifs en matière de gestion des flux migratoires. Même son de cloche en Tunisie où certains corps de métiers jadis favorisés pour l'obtention de visas se plaignent maintenant de difficultés de toutes sortes. D'après la presse tunisienne, nombre de médecins et d'avocats évoquent carrément un «durcissement» des procédés pour l'obtention du visa Schengen. Des procédés, insistent-ils, qui sont «des plus décourageants». Réagissant aux informations évoquant une volonté de la France de réduire les visas au profit des Algériens, l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a soutenu pour sa part, le 21 juillet dernier, qu'il n'y a pas d'instruction de réduire le nombre de visas pour les Algériens : «Ni le consul général, dont c'est le métier de délivrer des visas, ni moi, dont ce n'est pas le métier de délivrer les visas, n'avons reçu d'instruction en ce sens. Personne, à ma connaissance, ne nous demande de réduire le nombre de visas en réaction à la limitation des importations françaises. Je peux vous assurer que nous n'avons pas de telles instructions. Donc, il faut être très clair là-dessus.»