Les travailleurs contestent leur exclusion du dialogue. Le port de Béjaïa a été complètement paralysé hier. A l'exception des travailleurs de l'administration, les 350 autres, intervenant dans le déchargement et chargement des marchandises, ont débrayé en réponse à l'appel lancé par leur fédération. Les travailleurs du port de Béjaïa, à l'instar de leurs camarades au niveau des ports du pays entendent protester à travers ce mouvement de grève d'une journée contre le comportement, jugé inacceptable de la tutelle et partant, ils rejettent le projet de privatisation du secteur. Cette décision a été prise, en effet, lors du conseil national du syndicat tenu les 16 et 17 mai derniers à Oran. Les travailleurs contestent leur exclusion du dialogue sur le processus de privatisation. Contacté, hier, le représentant du syndicat du port de Béjaïa soutenait que «l'ensemble des travailleurs sont en grève» et dénonce le fait que «la tutelle n'ait pas respecté ses engagements vis-à-vis des travailleurs». Lequel engagement aurait été pris lors d'une réunion précédente. «Nous avons conclu un accord avec le ministère des Transports qui consiste à faire participer les travailleurs dans les négociations portant sur le processus de privatisation» mais, constate-t-il, «rien n'a été fait jusqu´à présent». Voilà globalement ce qui est à l'origine de cette colère des travailleurs. «Nous n'avons pas peur de la privatisation mais nous exigeons le droit de participer car il y va de notre avenir», soutenait un gréviste. Comme beaucoup de ses camarades, il craint les conséquences de cette mesure dans ce qu'elle peut engendrer comme effets néfastes, dont la suppression des postes d'emploi. Le coordinateur pense qu'il ne faut pas prendre seulement en considération les gains que peut rapporter ce processus, mais il faut également réfléchir aux répercussions. «Pourquoi privatiser un port qui est rentable?» s'interroge un autre sur un air d'incompréhension. Les propos des grévistes, rencontrés hier, font croire à une détermination sans égale pour faire valoir leurs droits: «On ne baissera pas les bras tant que le projet n'est pas annulé». A noter que le port de Béjaïa reste l'une des entreprises portuaires rentables dans le pays. «C'est grâce à nos efforts» souligne un travailleur qui s'indigne qu'on «fasse de leur outil de travailleurs un objet de marchandage». A Béjaïa on pense qu'aucune privatisation n'aura lieu si les travailleurs n'y participent pas à travers leurs représentants.