Des délégations militaires des deux camps rivaux libyens ont convenu vendredi d'un «plan d'action global» pour le retrait des mercenaires et troupes étrangères présents sur le sol libyen, selon l'ONU. Ce plan d'action du comité militaire «5+5», formé par des militaires des deux camps, sera «la pierre angulaire d'un processus graduel, équilibré et séquencé de retrait de tous les mercenaires, combattants étrangers et forces étrangères du territoire libyen», a affirmé dans un communiqué l'ONU, qui a parrainé à Genève une réunion de 3 jours, au lieu des 2 jours initialement prévus, du comité militaire mixte 5+5. Le chef de la Mission onusienne en Libye, Jan Kubis, a salué ce plan comme un «percée décisive», qui «crée une dynamique positive sur laquelle il convient de s'appuyer pour avancer vers une étape stable et démocratique, notamment par la tenue d'élections nationales libres, crédibles et transparentes le 24 décembre, avec des résultats acceptés par tous». L'ONU exhorte le comité 5+5 «à saisir cette opportunité pour promouvoir la pleine mise en oeuvre de l'Accord de cessez-le-feu à travers ce plan d'action, y compris par le déploiement d'observateurs de cessez-le-feu des Nations unies, ce qui devrait avoir lieu bientôt». La Libye tente de tourner la page d'une décennie de chaos depuis la chute du régime de Maammar El Gueddhafi en 2011. Surmontant les années de guerre et de divisions, un gouvernement de transition a été installé en mars, sous l'égide de l'ONU, pour sortir le pays du conflit et le mener vers des élections. La réconciliation se heurte toutefois à la présence de milliers de mercenaires et militaires étrangers -estimés à 20.000 en par l'ONU- alors que le conflit a été largement alimenté par des puissances extérieures. Lors de la guerre entre les pouvoirs rivaux en 2019 et 2020, la Turquie a soutenu l'ancien gouvernement basé à Tripoli tandis que le maréchal Haftar, l'homme fort de l'Est, a reçu l'appui des Emirats arabes unis, de la Russie et de l'Egypte. Parmi les acteurs extérieurs figuraient aussi des mercenaires du groupe privé russe Wagner, soutiens du camp de l'Est, ainsi que des Tchadiens, des Soudanais et des Syriens. La fin des combats, à l'été 2020, a été suivie par la signature d'un accord de cessez-le-feu en octobre prévoyant aussi le départ, dans un délai de 90 jours, des mercenaires. Or aucun retrait significatif n'a été signalé à la fin de la date butoir. Dimanche dernier, la ministre libyenne des Affaires étrangères Najla al-Mangoush avait annoncé un début de retrait «très modeste» de ces combattants étrangers.