Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell s'est dit «prêt» vendredi, à recevoir à Bruxelles les dirigeants iraniens, à leur demande, tout en appelant Téhéran à ne plus perdre de temps pour revenir à la table des négociations sur leur programme nucléaire. Au terme d'une visite à Washington, il a aussi balayé le recours à des «plans B» ou aux options militaires brandies plus ou moins directement cette semaine par les Etats-Unis et Israël face à l'impasse des efforts diplomatiques pour sauver l'accord international de 2015 censé empêcher l'Iran d'accéder à la bombe atomique. «Je sais que les Iraniens veulent en quelque sorte des pré-discussions avec moi, en tant que coordinateur, et avec quelques autres membres du conseil» de l'accord, a dit Josep Borrell à des journalistes à Washington.»J'y suis prêt», «mais le temps presse», a-t-il ajouté. Le négociateur de l'Union européenne (UE) chargé de ce dossier, Enrique Mora, était jeudi à Téhéran pour presser l'Iran de reprendre les négociations pour sauver l'accord, suspendues depuis l'élection en juin d'un nouveau président iranien. Le ministère iranien des Affaires étrangères lui a fait part de ses «doutes sérieux sur la volonté des Américains de tenir leurs engagements». Iran et UE «ont convenu de continuer les pourparlers» à Bruxelles «dans les jours à venir», a-t-il annoncé. «Je ne peux pas vous donner de date précise. Je suis prêt à les recevoir si c'est nécessaire», a expliqué Josep Borrell, qui s'est, lui, entretenu jeudi dans la capitale des Etats-Unis avec son homologue américain Antony Blinken. «Je ne dis pas que c'est absolument nécessaire, mais je dois faire preuve d'une certaine patience stratégique à ce sujet car nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer», a-t-il ajouté. Washington, sous la présidence de Donald Trump, a unilatéralement quitté l'accord en 2018 et rétabli ses sanctions anti-Iran que ce texte avait permis de lever. En retour, Téhéran s'est de plus en plus affranchi des restrictions à son programme nucléaire. L'actuel président américain, Joe Biden, s'est dit prêt à revenir dans l'accord, aussi connu par son acronyme anglophone JCPOA, si la République islamique renouait parallèlement avec ses engagements. Des négociations indirectes entre les deux pays ennemis ont commencé en avril à Vienne par l'intermédiaire des autres signataires (Chine, Russie, Allemagne, France, Royaume-Uni et UE) mais sont à l'arrêt depuis juin. L'impatience grandit de jour en jour côté occidental car l'Iran n'a toujours pas fixé de date pour son retour dans la capitale autrichienne. «Je comprends que le nouveau gouvernement ait besoin de temps pour étudier le dossier (...) mais ce temps est désormais passé, il est temps de revenir à la table des négociations», a insisté vendredi Josep Borrell. La France a aussi exhorté les autorités iraniennes à mettre «urgemment» un terme à toutes leurs violations du texte de 2015, d'une «gravité sans précédent». «Le temps joue contre un accord potentiel car l'Iran le met à profit pour aggraver ses violations nucléaires, qui rendent le retour au JCPOA de plus en plus incertain», a prévenu la diplomatie française. Surtout, les Etats-Unis de Joe Biden, qui refusaient jusqu'ici d'envisager d'autres options qu'une relance de ce pacte, ont changé de ton cette semaine. Antony Blinken s'est ainsi dit prêt à explorer «toutes les options» en cas d'échec de la diplomatie. Une menace d'autant plus forte qu'il l'a brandie au côté de son homologue israélien Yaïr Lapid qui venait, lui, de prévenir que l'Etat hébreu se réservait «le droit» de recourir à la force pour empêcher l'Iran de devenir un Etat nucléaire. «Je ne veux pas penser à des plans B car aucun plan B auquel je puisse penser ne serait un bon plan», a sèchement balayé Josep Borrell, interrogé sur ces propos. «La seule manière d'empêcher l'Iran de devenir un Etat nucléaire est de revenir dans l'accord.».