Hier matin, au marché des fruits et légumes d'Hussein Dey, la pomme de terre s'est vendue à 50 dinars le kilo. Mieux, les clients ont eu droit à un sac de 5 kg. Mais on ne sait si la démarche du gouvernement de casser les prix des patates va réussir. Rappelons qu'il s'agit de stocks saisis, notamment à Relizane et d'autres endroits, où les spéculateurs voulaient profiter de la pénurie pour s'enrichir. Ainsi, comme promis, le prix de la patate est descendu de moitié. Les jours à venir vont confirmer ou infirmer les capacités des autorités à contenir ce phénomène de spéculation qui, rappelons-le, fait l'objet de tout un programme au gouvernement et d'une loi dissuasive qui combattrait les spéculateurs par de lourdes peines. Le ministre du Commerce, Kamel Rezig, semble avoir gagné une bataille, mais on ne sait s'il va remporter la guerre contre la spéculation. L'autre phénomène visible à l'oeil nu concerne les poubelles ou la salubrité publique. Dans plusieurs endroits de la capitale et ses environs, on constate que les peaux de moutons sont entassées tout près des poubelles et n'ont pas été ramassées, depuis le dernier Aïd, comme s'il s'agissait de produits qui n'entrent pas dans le cadre de la salubrité publique. Visiblement, ni les maires ni les responsables de l'environnement n'ont dû s'en apercevoir. Là aussi, la ministre de l'Environnement, Samia Moualfi, est interpellée pour donner un coup de pied dans la fourmilière. Parce qu'il serait inadmissible que des déchets de cette nature restent aussi longtemps, près de 6 mois, dans les quartiers populaires sans que personne ne donne l'ordre de les ramasser. Lors d'une virée à la plage de Bouharoun (Zéralda), on a été stupéfait par l'entassement des ordures à quelques pas de la mer; il y avait même des chiens et des moutons morts qui dégageaient une puanteur nauséabonde que les vacanciers ne pouvaient supporter. Là aussi, personne n'a rien vu. Les poubelles grossissent à l'échelle nationale au point où l'on se dit que nous vivons dans un pays sale. Pourtant, il y a des centaines de milliers de jeunes qui sortent des universités et qui sont en mesure de créer de petites entreprises de traitement de déchets, si les autorités leur donnaient un petit coup de pouce. Il y a, en vérité, comme une démission de l'autorité publique quand il s'agit d'entreprise privée. Il n'y a pas le suivi nécessaire avec les facilités utiles, comme les aides publiques ou d'autres encouragements fiscaux ou l'achat du matériel pour créer ce genre d'entreprises utiles pour l'environnement et le bien-être du citoyen. Dans tous les pays, le traitement des déchets est devenu ordinaire. Partout où l'on se déplace, dans les habitations, les marchés, les administrations, les ordures sont jetées dans des cages souterraines puis récupérées en bas de l'étage et envoyées, de nuit, vers les usines où se fait le tri puis le traitement des déchets parce qu'il y a dans le tas des éléments très toxiques qui peuvent avoir des répercussions sur la santé des citoyens. À l'approche des élections locales, on estime que la campagne devrait s'orienter dans ce sens, c'est-à-dire comment débarrasser le panorama de cette laideur. Les maires sont appelés, dans ce nouveau millénaire à répondre sérieusement aux questions d'environnement. Quand on crée des cités pour contenir les gens qui ne sont pas bien lotis c'est une très bonne chose mais quand ils sont logés au-dessus d'une poubelle on se dit qu'ils étaient mieux lotis là où ils étaient; malgré la promiscuité, ils n'ouvraient pas leur fenêtre sur les ordures. Sans exagération aucune, on peut dire qu'on vit dans un pays sale. Il suffit de regarder à droite et à gauche pour mesurer l'immensité de cette déchéance, même si le chauffard qui vous précède ne crache pas ou ne jette pas ses ordures dans la nature. Il y a lieu d'entamer une grande campagne de sensibilisation parce que l'un des préceptes de base de l'islam est l'hygiène. Soyons donc propres et attentifs à notre environnement!