D'une précision phénoménale, monseigneur Teissier évoque avec force détails, les 19 religieux et religieuses tués entre 1994 et 1996. Certains crimes ont été très médiatisés d'autres beaucoup moins, mais pour le père Teissier, chaque religieux est un martyr en puissance. Que ce soit les sept moines de Tibrhirine ou les quatre religieux tués à Tizi Ouzou, en passant par l'assassinat d'une religieuse à Alger, l'invité de L'Expression cite les noms, la date exacte et les circonstance de chaque attentat. Mais, il tient à préciser que tous ces chrétiens sont morts parce qu'ils ont pris la décision de partager la douleur du peuple algérien. Ainsi, malgré les menaces réelles qui s'exerçaient sur toute la communauté religieuse chrétienne, Monseigneur Teissier témoigne du courage de ces hommes et femmes qui n'ont pas fui le pays et ont résisté à la horde intégriste. Leur martyre n'est pas à mettre sur une quelconque volonté de maintenir une présence de l'Eglise catholique en Algérie, mais surtout parce qu'ils ont vécu au contact de la société et ont apprécié la tolérance et l'hospitalité de l'Algérie profonde, celle avec qui, ils ont tissé des relations de respect et d'entraide. Au plus fort du terrorisme islamiste et malgré l'image détestable qu'il donnait de l'islam, ces religieux n'ont à aucun moment tenté de convertir les musulmans avec qui ils étaient en contact. Bien au contraire, insiste l'invité de L'Expression, ils luttaient à leur manière pour démontrer que les Algériens devaient rester musulmans, pour la simple raison qu'au fil des décennies qu'ils ont passées en Algérie, ils ont appris toute la tolérance que recèle l'Islam. Fuir le pays à cause d'une minorité d'intégristes est une idée qui ne leur a même pas effleuré l'esprit. 19 d'entre eux sont morts, mais l'essentiel, selon Monseigneur Teissier, est que le lien avec l'Algérie réelle n'est pas rompu. Les religieux poursuivent leur mission humanitaires en harmonie avec les populations des quatre coins du pays.