L Ayant toujours défendu le dialogue des cultures, M. Teissier dira qu'il a rencontré Mustapha Cherif au Forum islamo-chrétien de Cordoue en Espagne de 1974. Le dialogue est nécessaire, insiste l'archevêque d'Alger. A l'appui de ses dires, il citera ce moine qui s'est retiré dans le village de Tamzgida et qui y est toujours. Celui-ci s'est fait violence pour sortir de sa condition d'ascète et aller à la rencontre des gens qui l'entourent. Devant sortir des salons feutrés, le dialogue, soutient M.Teissier, est ce rapport quotidien entre des hommes et des femmes appartenant à des traditions religieuses différentes. Toujours rabâchée, cette prise de langue nous mènera où ? L'auteur du livre Chrétiens d'Algérie, partage d'espérance , toujours prompt à lancer des balises d'un dialogue franc, dira que les rapports d'amitié entre les religions aident les hommes à sortir de leur bulle et partir ainsi à la rencontre de l'autre dénigré. L'ancien coadjuteur de Duval paraphrasera cheikh Bouamrane, président du Haut conseil islamique (HCI) qui s'est étalé, lors d'une autre rencontre, sur les conditions sine qua non du dialogue. Il s'agit, insiste-il, de la connaissance réciproque et de l'entraide entre les adeptes des différentes traditions religieuses. M. Teissier fera également sienne une autre condition, à savoir « le désarmement des peurs » accumulées depuis des lustres et qui, à l'en croire, s'apparentent à un abcès qu'il faut crever si l'on veut que le dialogue intereligieux à venir soit effectif. Aussi, atteste M. Teissier, par leurs actions, les hommes qui s'y attellent « font œuvre d'avenir ». Les défis de la foi doivent décider également les religieux à créer un modus vivendi. Ce dialogue des cultures doit obéir à d'autres exigences. La patience en est l'une d'elle, car les adeptes des deux religions monothéistes ont reçu de leurs aînés tellement de préjugés de leur passé commun. La sincérité doit aussi caractériser les discussions qui doivent pour ainsi dire sortir de tout confessionnalisme. « Nous sommes des êtres humains avant d'être des religieux aspirant à la transcendance », renchérit le conférencier. En evoquant l'Emir Abdelkader, dont la volonté d'aider les chrétiens persécutés est connu de tous, Monseigneur Teissier dira que le témoignage du fils de la Guétna à Mascara est « plus utile que les méprises éhontées de Samuel Huntington, chantre du clash des civilisation ». Prenant la parole, Mustapha Cherif dira, pour sa part, que le dialogue islamo-chrétien prend ses sources dans les références fondatrices des musulmans que sont le Verbe divin, la tradition du Prophète et la pratique de tous les jours. Plus explicite, l'ancien ambassadeur d'Algérie en Egypte dira, dès l'abord, qu'il n'y point d'alternative possible au dialogue. Lequel n'est guère une inclinaison factuelle, mais une orientation de la foi. Selon lui, les Gens du livre sont cités plus d'une centaine de fois dans les quelque 6000 versets du Coran, lequel se veut un rappel des anciens Messagers. Le Livre Saint évoque ainsi Jésus, Verbe de Dieu et les autres prophètes hébraiques. En plus des versets, appelant expressément à la coexistence, l'islamologue affirmera que le Coran appelle à la vigilance dans les rapports avec les autres adeptes. En rapportant le « deal » conclu avec les chrétiens de Nadjran à qui le Prophète a aménagé un autel dans sa mosquée, la sunna muhamédienne en fait de même . Autre référence, nous mettons sur la voie du dialogue : l'histoire des musulmans. Faisant siens les arguments de M.Teissier, Mustapha Cherif affirme que le dialogue en chantier doit mettre l'accent sur le socle commun des deux religions et les défis communs pour éviter les amalgames.