La campagne électorale des locales du 27 novembre prochain inaugure sa deuxième semaine. Une campagne sans aucune ambiance et dynamique populaire comme c'était le cas avant. Le discours ne sort pas du cadre des slogans et des paroles pleines de démagogie et de promesses surréalistes. Parmi les discours, dont le sens paradoxal est exprimé avec ostentation et sans retenue, c'est bien celui des islamistes. En pleine campagne électorale, Abdelkader Bengrina, le président du Mouvement El-Bina, a fait de la femme son thème phare. A quoi rime cette nouvelle tactique des islamistes, en recourant au discours visant la mobilisation des femmes pour aller voter massivement? Mais le hic, c'est que Abdelkader Bengrina et le reste de la mouvance islamiste, sont foncièrement hostiles au statut de la femme tel qu'il est soulevé par cette moitié qui constitue la société et ses tendances générales vers plus d'ouverture et de modernité. La dernière sortie de Bengrina, dans le cadre de la campagne électorale des locales, a été centrée sur la femme et «son rôle dans le développement local». S'agit-il d'une nouvelle approche que les islamistes veulent développer ou juste un stratagème électoraliste consistant à faire de la femme un potentiel électoral? Ce qu'il faut savoir, c'est que la mouvance islamiste peine à mobiliser les jeunes qui ne sont plus intéressés par son discours version Bengrina, Makri et Djaballah. Cette nouvelle donne a influé sur la prestation des partis islamistes qui ont opté pour la participation dans le gouvernement. Cette situation qui ne fait plus l'affaire des islamistes «participationnistes», affecte gravement les états-majors et la base militante de ladite mouvance. Mais le comble de l'ironie, c'est quand les islamistes privilégient le discours s'inscrivant dans une tradition politique, qui ne ressemble aucunement à celui que la «doxa» islamiste faisait jaser à l'adresse de ses sympathisants. Les élections, qui étaient considérées comme une «hérésie» par les «théoriciens» de la mouvance islamiste, n'est plus un tabou, c'est la réalité politique qui a imposé cette nouvelle posture. Mais le discours des partis islamistes n'a jamais changé envers la femme, en tant qu'entité et statut. La littérature islamiste a toujours présenté la femme comme un «sujet» et son statut minoré à l'extrême. D'ailleurs, l'enjeu sociétal est déterminé par l'attitude et la position des islamistes à l'égard du statut de la femme et le Code de la famille. Est-ce que Bengrina et ses «coreligionnaires» acceptent de débattre de la condition de la femme et des préalables démocratiques dont cette dernière occupe le coeur palpitant des débats de société? La campagne électorale n'a jamais été le baromètre d'un débat conséquent, et digne des choix relevant de véritables rupture, dont la dynamique sociétale a réellement besoin à l'aune de la montée du discours misogyne, et fasciste à l'égard de la femme et ceux qui portent le discours et le programme de l'égalité entre les deux sexes. Bengrina confond entre l'instrumentalisation de la femme à des fins électoralistes, et la nécessité d'opérer la véritable rupture avec la pensée conservatrice et rétrograde, qui relègue la femme à une éternelle mineure, qui dépend de la volonté de son «tuteur» et de la société. Si les islamistes renoncent à leur «projet» fondé sur la théocratie, c'est-à-dire l'Etat religieux et leur position à l'égard de la femme, ils deviennent autre chose sur le plan de l'identité politique. Ce qui est une aberration. Le discours de Bengrina et ses acolytes islamistes, ne s'adresse pas aux femmes en général, il est destiné à une catégorie de femmes que les islamistes préfèrent «maintenir» dans un statut de non-droit, c'est-à-dire dépourvues de citoyenneté et d'une entité autonome de toute contrainte, y compris sociétale. La faillite des islamistes révèle que cette mouvance est prête à tout pour se maintenir sur la scène politique. C'est dire que ce qui est appelé une forme de pragmatisme dans la pratique politique, chez cette nébuleuse, s'appelle de la duplicité et de la versatilité.