La décision de l'Etat algérien de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc fait démasquer les positions et les attitudes opportunistes de certaines mouvances et courants politiques et idéologiques en Algérie. C'est le cas de la mouvance islamiste et son discours tactique et versatile par rapport à cette nouvelle donne qui vient d'enclencher un nouveau processus politique dans toutes ses expressions. Les variantes islamistes qui se disputent le leadership politique dans la perspective d'asseoir leur modèle politique sur l'Etat et la société, jouent au jeu ombrageux en recourant à des réactions et des prises de position teintées d'amalgames voulus et de quiproquos volontairement entretenus dans le but de semer le flou politique et ne pas se mouiller dans les «affaires» qui ne sont pas considérées à leurs yeux comme importantes et décisives de par l'approche idéologique qu'elles développent et qu'elles nourrissent à l'égard des questions qui ont trait à l'Etat et à la nation en tant qu'entité politique moderne. D'ailleurs, cette idéologie dont la théocratie prend la part du lion dans la cristallisation de leur monde qui n'est autre que le monde religieux où l'allégeance et l'appartenance n'obéit pas à une définition géopolitique en rapport avec la patrie et ses frontières telles que reconnues par l'ensemble des instituions internationales. Le MSP est l'une des variantes de l'islamisme dont le lien organique avec l'organisation des Frères musulmans en tant que démarche internationaliste est foncièrement théocratique et antinationale. La littérature et le discours «fréristes» sont jonchés de ce genre de lectures et d'approches où l'allégeance est déterminée par l'engagement de ses membres à défendre l'espace de la oumma islamiya en remettant en cause les Etats nationaux au nom d'un concept fumeux de «Dar el Islem» et «Dar el Harb», cher aux concepteurs et aux fondateurs de l'organisation des Frères musulmans en 1928, Hassen El Benna et Sayid Qotb. La même chose pour la variante salafiste et rigoriste de l'ex-FIS et ses descendants qui se réfèrent à Ibn Taymiya et Ibn El Qayim dont la référence à l'Etat relève de l'hérésie. C'est dire que les variantes de la mouvance islamiste en général se rencontrent sur l'essentiel qui fonde leur matrice et leur existence en tant qu'idéologie obscurantiste qui se bat pour la constitution de la «Dawla Islamiya» où l'appartenance ne sera pas déterminée par les notions de l'Etat et ses institutions modernes, mais à la charia islamique. On comprend parfaitement les positions «inodores et incolores» du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et ceux qui se considèrent comme leurs rivaux sur le plan de la démarche quant à l'instauration de cet Etat théocratique. L'opportunisme et la versatilité politique sont des moyens «ordinaires» pour toutes les variantes de la mouvance islamiste pour atteindre leur fin, puisque la politique est vue à leur niveau comme un moyen de ruse. La question de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc a montré comment les islamistes se font passer pour des structures diluées dans la dynamique politique globale sans se faire remarquer ou se faire obliger d'adhérer dans le processus en général. Mais cette fois-ci les choses ne se présentent pas de la sorte, les islamistes sont impliqués dans la normalisation avec l'entité sioniste, à commencer par Erdogane leur chef «spirituel» et leur exemple qui ne cesse de se référer à lui quand il s'agit d'aborder les questions économiques et de développement. C'est le cas des «coreligionnaires» du MSP, à savoir le parti d'El Adala marocain, un parti islamiste d'obédience frériste. Quant aux salafistes dans les pays du Golfe, l'affaire n'a pas besoin d'être élucidée, la normalisation leur a été dictée par leurs mentors impérialistes sans coup férir. Les islamistes du Maghreb ne font pas exception, ils utilisent toutes les situations possibles pour avoir une présence tactique sans pour autant sacrifier l'essentiel, à savoir l'objectif de la «Dawla islamiya» même si cela doit se faire en pactisant avec l'entité sioniste comme cela a été précisé et affirmé par le porte-parole de la nébuleuse islamiste, Rachad.