Les élections législatives du 4 mai dernier ont fait apparaître la déconfiture de cette alliance L'exemple du MSP est un cas d'école, il mérite d'être enseigné aux initiés de la politique, pour comprendre le maniement de l'art de la versatilité et de la duplicité en politique. La mouvance islamiste connaît une période de vaches maigres sur le plan politique. L'islam politique qui s'est introduit dans les rouages de l'Etat, plus précisément, au sein de l'Assemblée populaire nationale (APN), et au sein du gouvernement aussi, n'a plus cette aura d'antan, même le discours qu'il prônait il y a de cela quelques années, emprunté d'un corpus constitué d'un ton radical et ostentatoire, a perdu de sa «brillance» envahissante. Les élections législatives du 4 mai dernier ont fait apparaître cette déconfiture d'une alliance qui faisait de la couleur verte une «sémiotique» de prédilection et une identité politique avec des soubassements on ne peut plus clairement théologiques. Les partis islamistes, hormis le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui a pu résister au séisme des législatives dernières, la variante radicale et rigoriste représentée par le président du Front pour la justice et le développement (FJD), Abdellah Djaballah et l'alliance Ennahda-Adala-Binaa ont connu une débâcle en bloc. A l'aune des élections locales du 23 novembre prochain, la donne a complètement changé. La mouvance islamiste est à la recherche d'un «modus vivendi» avec les pouvoirs publics, dans la perspective de trouver un deal possible, lui permettant de se maintenir sur l'échiquier politique national et de ne pas se voir disparaître de la nouvelle configuration de la post-élection locale qui s'esquisse déjà. Ce qu'il faut remarquer, c'est que le discours d'une partie de cette mouvance, à savoir le MSP, a renoncé à l'utilisation de sa sémantique et de sa littérature politique marquées par un ton radical et péremptoire, surtout du temps de son ex-président Abderrazak Makri qui incarnait l'aile radicale du mouvement dans un contexte qui était caractérisé par la montée fulgurante des partis islamistes dans le Monde arabe lors des révoltes qui prenaient une appellation anachronique du «printemps arabe». Le MSP de cette époque croyait que cette expérience allait derechef influer sur la situation politique de l'Algérie. Ils ont même affûté et aiguisé leurs couteaux en vue de s'emparer du pouvoir. Cette vague et vogue passées, il n'en reste que des méandres d'une situation affligeante que connaît le Monde arabe, le MSP veut rattraper le temps «politique» et revenir à des meilleurs sentiments quant à son rôle d'avant son radicalisme dans son discours du temps de l'ex-président du mouvement Abderrazak Makri. L'exemple du MSP est un cas d'école, il mérite d'être enseigné aux initiés de la politique, pour comprendre le maniement de l'art de la versatilité et de la duplicité en politique, et de sa constante adaptation aux vicissitudes de la vie politique, en usant d'une pratique si souple et flexible, celle d'un entrisme le moins que l'on puisse dire, vaudevillesque. A suivre le discours et les prises de position du président du MSP, Abdelmadjid Menasra, qui a succédé à Makri dans le cadre du congrès extraordinaire tenu en mai dernier pour faire la fusion entre le Front du changement (FC), l'ex-Mouvement de Menasra et son ancien parti en scellant l'unité, on a du mal à cerner le prolongement du discours du MSP avec sa matrice fondatrice consistant à faire asseoir les jalons d'un Etat islamique où la chariaâ dispose d'un rang prépondérant dans la gestion des affaires de la cité, et ce changement de cap même s'il est tactique jusqu'à considérer «le gouvernement en place comme un véritable partenaire avec qui on doit partager la responsabilité de la gestion des affaires politiques et économiques du pays», (sic). Le MSP version Menasra ne voit pas dans la participation de son mouvement au gouvernement une «hérésie» politique, bien au contraire, Menasra considère que son mouvement est un partenaire dans le processus politique et électoral du pays, et la participation dans les rouages de l'Etat n'est pas une tare mais une manière d'assumer ses responsabilités politiques. La campagne électorale que mène le MSP s'articule sur des éléments qui vont dans le sens de l'amadouement du gouvernement même si de temps à autre le discours se fait teinter de quelques critiques sommaires qui ne ciblent pas la matrice globale de ce dernier. Le maître-mot du MSP dans les joutes électorales du 23 novembre prochain, est orienté surtout vers les citoyens, en les sollicitant d'aller voter massivement pour réussir le processus électoral et consolider les édifices des institutions de l'Etat pour barrer la route aux aventuriers et les ennemis qui visent la déstabilisation du pays et de son unité nationale. Ce discours adopté par le MSP reflète un rapport de force dominant en son sein qui aspire à renouer avec le «participationisme» et l'entrisme d'antan pour avoir le droit à la rente et conforter la position du mouvement dans la nouvelle configuration politique après les élections locales du 23 novembre prochain. L'autre variante de la mouvance islamiste, à savoir l'alliance Ennahda-Adala-Binaa, ne fait plus dans l'ostentation ni la parade, elle est empêtrée dans des problématiques relevant de l'organisation qui ont trait à ces structures en proie à des redressements et des contestations internes, qui sont menacées par une dislocation pure et simple. L'enjeu de cette variante radicale de l'islamisme politique, est celui de faire face à un véritable défi consistant à dépasser le seuil de 4% exigé par la loi pour qu'elle puisse se maintenir dans la scène politique nationale. Autrement, la vie partisane de cette alliance est sérieusement hypothéquée, voire menacée.