«Les orphelins de la vallée» paru aux éditions «Planétaire», comme son nom l'indique, est un livre émouvant qui raconte le destin tragique de deux orphelins ayant perdu de manière cruelle leurs pères quand ils étaient à peine des petits enfants. Il y a d'abord Mokrane, le personnage principal. Ce dernier perd son père dans un drame survenu non loin du village. Une mort à laquelle aucun membre de la famille ne s'attendait. Mokrane en sera traumatisé pour le restant de ses jours. Mais, paradoxalement, cette tragédie vécue dans l'enfance ne l'empêche pas de braver les obstacles qui se dressent sur son chemin. Il se bat courageusement contre le désespoir et pour la vie.Aussi, pour relever le défi, il n'y avait qu'un seul chemin à prendre à l'époque, celui de l'école. L'école était le seul moyen qui pouvait extirper tout enfant à la mal-vie et au désespoir. Mokrane a compris cet enjeu et il n'a pas lésiné sur les efforts afin de réussir sa scolarité de fort belle manière. Tout en souffrant en silence, et en pleurant dans la solitude, Mokrane persévère sur le chemin de l'école. Il réussit à franchir toutes les étapes avec brio jusqu'à l'université. Là aussi, Mokrane brille en se distinguant de tous ses camarades. Les succès scolaires font sa fierté et celle de sa mère et de ses soeurs orphelines, privées de leur père à peine après avoir ouvert les yeux sur la vie: une vie cruelle. Fort heureusement, à l'époque, la solidarité dans les villages kabyles, envers les orphelins, étaient ce qu'il y avait de plus sacré. La famille de Mokrane avait donc pu surmonter les difficultés financières grâce aux aides constantes que leur prodiguaient les gens du village avec un esprit de solidarité et de fraternité qui ne s'est jamais démenti. Donc, la privation sur le plan matériel n'a pas vraiment été parmi les causes de l'enfance tourmentée de Mokrane. Mais ce qui fit souffrir plutôt ce dernier c'est «l'aridité» sur le plan affectif engendrée par une absence définitive d'un père qui était tant aimé. Des difficultés à la réussite Le traumatisme occasionné par la mort du père aussi. Et la façon tragique dont le père de Mokrane est mort a provoqué un choc qui ne quittera jamais celui-ci. Il en souffrira durant toute sa vie. Mais parallèlement à cette douleur profonde, atroce et indicible qui l'accompagnait partout, Mokrane réussit là où la majorité de ses camarades avait échoué: les études. Une fois arrivé au lycée, Mokrane rencontre Belkacem. Un point commun réunit et rapproche profondément les deux adolescents,le faitt qu'ils aient tous les deux perdu leur père très tôt et dans des circonstances tragiques également. Belkacem est fils de chahid. Double blessure Son père est tombé au champ d'honneur quand il combattait dignement aux côtés des maquisards de l'Armée de Libération nationale pour libérer l'Algérie du joug colonial. Belkacem vécut toute sa vie avec cette blessure,tout en portant une blessure encore plus grande: le corps de son père n'a pas été retrouvé après qu'il soit tombé au champ d'honneur. C'est que le traumatisme de Belkacem est double. Il ne peut de ce fait faire le deuil de son père jusqu'à ce que... Makhlouf Laib nous entraine donc dans les deux destins et trajectoires de vie de Mokrane et Belkacem. Ces derniers ont perdu contact après la fin de leurs études. Mais, suite à un autre événement douloureux (encore un!) qui frappera la famille de Mokrane, les deux hommes renouèrent contact. Le destin ou le hasard a fait énormément de choses. Le roman de Makhlouf Laib est agrémenté avec des passages très attractifs où l'auteur, diplômé de l'Ecole supérieure d'agronomie d'El Harrach, fait découvrir au lecteur la richesse de la nature de la vallée de la Soummam en évoquant, entre autres; toutes ces herbes et plantes dont les vertus médicinales ne sont pas toujours connues ni mises à profit pour soigner une infinité de maux et de maladies. Makhlouf Laib dresse aussi un tableau fidèle de la vie naturelle dans les villages kabyles et de l'ambiance qui y prévaut. Makhlouf Laib est cadre au ministère de l'Agriculture. Il a animé des émissions spécialisées aussi bien à radio Soummam qu'à la radio chaine 2-Tamazight. Originaire de la vallée de la Soummam, Makhlouf Laib est, actuellement, directeur de wilaya de l'agriculture de Aïn Defla. Avec la publication de ce premier roman, le nom de Makhlouf Laib s'ajoute ainsi à la liste des hauts cadres de l'Etat qui, parallèlement à leurs responsabilités dans la gestion, ont eu des carrières d'écrivains à l'image de Mohamed Nadhir Sebaâ, Hamid Nacer-Khodja, Ali Bedrici, Youcef Merahi, Mansour Kedidir... Il faut préciser enfin que la trame du roman de Makhlouf Laib gagnerait vraiment à être «happée» par un scénariste et un réalisateur car un bon film pourrait en être tiré.