Quel est le nombre d'enfants victimes -morts ou disparus- de la tragédie nationale? La question est embarrassante à plus d'un titre. Elle a été posée naïvement, hier, par un citoyen qui est venu assister à la Journée mondiale de l'enfance, initiée par l'association Machaal echahid au centre El Moudjahid, sous le titre «séquelles et conséquences des guerres sur les enfants». La question est tombée comme un cheveu dans la soupe. On a invité les représentants du Sahara occidental, de la Palestine, de l'Unicef ainsi que du Croissant-Rouge algérien pour apporter un témoignage sur l'état dans lequel se trouvent les enfants de ces pays ainsi que de ceux de l'Irak. Mais un autre intervenant s'interroge sur le bilan des enfants algériens victimes du colonialisme pendant la guerre de Libération. Puis une journaliste pose une question au représentant de la Palestine sur l'état des enfants après l'exploit du Hamas aux élections. On nage dans le surréalisme. Il répond sereinement: «L'autorité palestinienne fait un travail entier. Toutes les priorités sont imbriquées et nécessitent autant d'attention de sa part. L'arrivée du Hamas au pouvoir n'a rien changé au programme social.» Dans sa déclaration liminaire, il a brossé un tableau effroyable sur ce que subissent les enfants de Palestine occupée. Ils représentent 46% de la population. Ils sont victimes des bombardements au quotidien. Ils sont dans les prisons israéliennes. Il donne le chiffre de 3500 enfants détenus dont 83 ont moins de 15 ans et 54 moins de 23, tandis que le reste se situe entre 16 et 18 ans. Ceux qui sont libres n'ont pas tous le droit à l'école, aux soins et à la protection, en sus de la ségrégation raciale. Le représentant du Polisario fait état de 6000 enfants victimes de «regroupements», qui ont perdu automatiquement leurs droits à la scolarisation et aux soins. Les enfants représentent 40% de la population carcérale dans les prisons marocaines. Depuis l'Intifadha de 1999, le nombre des scolarisés est descendu au-dessous de 43% . Les moins de 14 ans sont à l'origine des manifestations. Ils bravent les autorités policières en brandissant le drapeau sahraoui. Au-delà de l'absence d'assistance médicale, il révèle que des produits contraceptifs sont administrés aux femmes sahraouies pour les rendre stériles, dans l'objectif de freiner la démographie sahraouie. Comme il indique que la drogue est introduite à dessein dans les milieux scolaires pour atténuer toute forme de résistance. Au mois d'avril dernier, 4 enfants de moins de 14 ans ont été arrêtés dont un qui a moins de 6 ans. L'intervenant soulève l'absence d'assistance et d'aide internationales. Le représentant de l'Unicef, présent à la tribune, réagit. Le sahraoui indique qu'il s'agit plutôt de la démission de l'Unesco. L'action du CRA est, par contre, louée et appréciée même si son représentant parle un français châtié au grand dam du Palestinien qui n'a rien pigé. Par ailleurs, l'Unicef a indiqué que l'avenir de millions d'enfants dans le monde dépendra des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Selon le rapport de l'Unicef de 2006, le programme OMD prévoit la réduction de la pauvreté et la faim, l'éducation primaire pour tous, l'égalité des sexes, la réduction de la mortalité infantile, l'amélioration de la santé maternelle, la lutte contre le VIS/SIDA, le paludisme, la préservation de l'environnement et enfin la mise en place d'un partenariat mondial pour le développement. Les conflits et les guerres ainsi que la pauvreté, particulièrement en Afrique, ont exposé les enfants à des conséquences terribles qui auront des effets néfastes sur leur avenir. Abad de Machaal echahid rappelle que les deux guerres -celle de la Libération et celle du terrorisme- ont laissé des séquelles profondes qui réapparaîtront dans le futur. Le conflit local est donc omniprésent dans les esprits. Il revient au moment où l'on croit qu'on l'a totalement évacué de notre subconscient.