Un concert prolifique de musique andalouse a été animé vendredi à Alger par l'ensemble «El Djazira», dans une ambiance conviviale et devant un public peu nombreux, astreint au strict respect des mesures de prévention sanitaire contre la propagation du Coronavirus. Sous la direction du maestro Bachir Mazouni au violon, l'orchestre, en nombre réduit, de l'association culturelle «El Djazira» de musique andalouse, accueillie à la salle de cinéma «Sahel» à Chéraga, a embarqué l'assistance dans une belle randonnée onirique, à travers un programme déployé en deux parties, qui a mis en valeur la richesse du patrimoine andalou. Dans le mode sika, douze instrumentistes, dont trois musiciennes, ont entamé le premier volet du récital avec inqilab «Min houbi had el ghazala», interprété en choeur par l'ensemble, suivi dans le mouvement n'çraf de, « Tabaât rouhi hawaha», « Ya chabih dhey el hilal», «Ya saki la taghefel» pour conclure avec un enchaînement de kh'lasset. Les voix cristallines, sopranes et ténors d'Imene Aitouche au violon, Hafida Boungab et Hamouche Bacero au luth, ainsi que Ahmed Fouanis à la mandole, ont orné le silence de la salle avec des sorties en solo très appréciées par l'assistance, brillamment rendues dans la lenteur apaisante de la cadence n'çraf et la légèreté entrainante du mouvement kh'lass. Au tour de Bachir Mazouni, à la voix présente et étoffée, également soutenu au r'bab par Ryma Cherbane, aux percussions par Azeddine Zaâfi et Abdelkader Beneddine, ainsi que Tayeb Mohamedi à la guitare et Samy Bentouri au piano, d'interpréter un florilège de chants hawzi et aâroubi, permettant une deuxième partie plus chaleureuse. Celle-ci était constituée, entre autres,des pièces «Khatri bel djeffa t'âadeb», « Ya dhou aâyani» et «Dekhil hassbek ya would ettir». «Ya men dara men naâchaqou, Mahla charab», «Laqitouha fi tawafi tes'â, Selli houmoumek, Mata nestarihou, Bekri win kount m'henni, Kane m'âkoum djet, Mahla el âchiya, El khilaâ taâdjebni, chiyatoun»,qui sont autant de pièces rendues par l'ensemble, qui rappellent la richesse et la diversité du genre andalou. Transitant par plusieurs modes dont le Moual et Raml el maya ainsi que différentes cadences rythmiques, les sonorités des instruments conventionnels de la musique andalouse (violon, oud, r'bab), mêlées aux sons denses de, la mandole du professeur Amar Sari et Ahmed Fouanis, ainsi que le banjo de Mourad Bernoussi intégrés dans l'orchestration, ont mis en valeur le travail de recherche et la quête d'une identité sonore qui caractériserait l'association «El Djazira». Le public, peu nombreux, a longtemps applaudi l'ensemble des artistes, savourant chaque instant du concert dans la délectation. Fondée en 1993, l'association culturelle «El Djazira» de musique andalouse vise à «vulgariser et promouvoir» la musique andalouse, à travers une approche nouvelle consistant à inscrire cette musique savante dans l'universalité en tenant compte de l'authenticité de ses contenus, présentés dans des formes modernes et hautement esthétiques, peut-on lire sur le document de présentation de l'association. Pour ce faire, l'orchestration chez l'ensemble «El Djazira» a intégré des instruments peu ou pas utilisés dans la formation académique traditionnelle, à l'instar de la clarinette, la flûte traversière, le piano et le violoncelle, entre autres, présents aux côtés d'instruments conventionnels, comme le luth, la kouitra, le r'beb, le qanun, la mandoline, la derbouka et le tar. Ouverte durant l'année pour accueillir de nouvelles recrues et collaborant avec des ensembles issus d'autres disciplines artistiques, l'association «El Djazira» se démarque par sa volonté à s'adapter à tous les genres artistiques dans un élan singulier qui préserve l'authenticité de la musique andalouse.