La population de la région ne compte, hélas, que sur l'extérieur comme auparavant l'émigration. Boumahni! Ce nom magique, qui, aujourd'hui désigne surtout une partie de la commune d'Aïn Zaouia dans la daïra de Draâ El-Mizan, est aussi et d'abord le nom d'un massif forestier qui couvre une importante superficie allant pratiquement de Draâ El-Mizan, au sud, à la limite nord de la commune d'Aït Yahia Moussa. Boumahni c'est donc surtout ce chapelet de villages et hameaux que sont les Bouhoukal, Aït Maâmar Izimouchene, lghil Bouakkache, Tizi Ameur, Ikoubaiene et Kantidja pour ne citer que les plus importants. Au niveau des plus importants villages, on recense quelques infrastructures telles l'agence postale, le collège récemment ouvert et des écoles élémentaires ainsi que des épiceries et des revendeurs de pain et puis, tirez le rideau, il n'y a plus rien à voir! La population de la région ne compte, hélas, que sur l'extérieur, comme auparavant, l'émigration, pour vivre car l'agriculture est ici une vue de l'esprit. En effet, et mis à part quelques jardinets près des villages où les gens cultivent, notamment en saison humide quelques légumes tels l'oignon, la fève et la pomme de terre, le reste de la superficie des terres est carrément pris par le massif forestier qui a donné son nom à la région : Boumahni. La forêt profite tout de même aux familles et notamment les jeunes gens qui «chassent», au collet, au piège ou autrement, le gibier qui enrichit parfois la table ou encore les étourneaux et les grives que les jeunes gens proposent en chapelets le long du CW 1218 qui longe l'oued Borni. Les villages et hameaux sont assez sympathiques avec cette jolie façon d'avoir été semés sur les flancs des coteaux qui semblent inscrits dans l'écrin que constitue la verdoyante forêt de Boumahni. La vue est des plus magnifiques et l'air assez vivifiant quoique les villages manquent pratiquement de tout et d'abord d'aires de jeux pour les jeunes. Ces derniers descendent vers l'oued coulant en contrebas pour essayer de «tuer» le temps, comme ils disent, dans de longues parties de football. A Boumahni, il n'y a aucune infrastructure économique pouvant retenir les gens sur place. Aussi, alors que durant la période d'avant-guerre ce sont les fermes de la Mitidja et les chantiers de France qui absorbaient la plupart des bras, aujourd'hui, le chômage bat son plein. A Boumahni, cette région qui a payé un lourd tribut à l'épopée libératrice, les horizons semblent toujours «bouchés» pour la jeunesse. Celle-ci attend et espère mais la colère sourde et rentrée est palpable, car pour eux «la vie ne vaut pas la peine d'être vécue avec ces manques de travail, de logement, de loisirs». Bref, ils disent qu'à «Boumahni le temps s'est arrêté en 1920».