Dans l'ordre économique les Etats semblent perdre pied face au libéralisme triomphant. C'est plus qu'un constat : une évidence bouleversante. Bien comprendre le monde d'aujourd'hui, est-ce possible? Hamid M.Temmar nous en propose une explication dans son ouvrage Les Fondements théoriques du libéralisme (*). La préface du professeur Claude Courlet, président de l'Université Pierre Mendès France (Grenoble) étaie l'ouvrage en traçant à grands traits les étapes de l'évolution historique des rapports économiques entre le marché et l'Etat. Il démontre la nécessité de «plutôt construire un nouvel Etat», car, estime-t-il, «la concurrence n'est jamais pure et parfaite, elle est fondée sur des inégalités de pouvoir sur les marchés. Le plus fort élimine les plus faibles et devient un monopole. La globalisation fait peser des risques importants dont l'Etat n'est pas responsable mais qu'il devra traiter: la volatilité des marchés financiers, la trop forte concentration des pouvoirs économiques et l'essor de l'exclusion. Le marché ne peut pas fonctionner sans un Etat fort.» Or l'approche de cette problématique, dont l'étiquette est «libéralisme» et dont le centre d'intérêt est la personne humaine, implique un engagement politique et social sans «soulte ni retour». Il y aurait, là, tout à gagner, notamment pour un pays comme le nôtre, ainsi qu'il est par sa situation géographique, son peuplement, ses institutions et les richesses de son sous-sol. La réflexion de Hamid M.Temmar est de contribuer à la compréhension générale du concept «libéralisme» dans le monde d'aujourd'hui et de sa spécificité éventuelle quant à son application dans le champ algérien. L'auteur, qui a enseigné le Droit et les Sciences économiques et participé, du fait de ses titres, de ses compétences et des différents postes ministériels qu'il a occupés, à des études et travaux internationaux importants, explique et justifie l'objet de son ouvrage. Il écrit dans son Avant-propos: «Cet ouvrage est né d'abord de la difficulté que j'ai rencontrée auprès de mes collègues et au niveau de l'opinion publique informée à définir d'une manière aussi précise que possible les termes libéral et libéralisme». Il est né par ailleurs de cette interrogation que l'on trouve derrière les débats qui concernent ces termes: «Est-on arrivé à un stade où une théorie unique, libérale (ultra ou pas, peu importe) s'impose maintenant aux nations faisant de ces dernières des cadres physiques d'application de décisions qui se prennent ailleurs et aux gouvernements faisant de ceux-ci des spectateurs d'une dynamique économique qui leur échappe?» » À cet effet, Temmar va s'attacher à présenter son travail avec toute la pédagogie indispensable pour intéresser «les économistes professionnels et universitaires ainsi que [les] économistes engagés dans l'analyse et la formulation des politiques économiques», et ni «les responsables nationaux chargés de décisions économiques» ni «les étudiants d'un niveau avancé et les doctorants» ne sont en reste. L'idée majeure, constituant l'intitulé Les Fondements théoriques du libéralisme, est développée en deux grandes parties. Dans la première partie, une question est posée: Vers une théorie économique? L'exposé est clair. Il porte sur des «définitions et des réponses diverses» et des «arguments de références», accompagnés de notes et de repères bibliographiques. La seconde partie est consacrée exclusivement à La présentation des théories. C'est un ensemble complet de contextes présentés et analysés s'adressant plus particulièrement «aux économistes professionnels et aux chercheurs». L'analyse critique de ces théories est systématique, mais elle reste ouverte. Elle sous-tend un appel aux spécialistes à convaincre les responsables des politiques économiques de l'urgence d'aider le système général «à se remettre en équilibre et à éviter des crises qui peuvent être dommageables et qui peuvent durer».