Benaïcha demande l'intervention du président de la République pour donner un coup d'accélérateur au projet. L'annonce du retour de Rabah Kébir, président de l'instance exécutive de l'ex-FIS à l'étranger, est vivement saluée par les deux anciens chefs de l'ex-AIS, en l'occurrence Madani Mezrag et Ahmed Benaïcha. Ils estiment que le moment est propice pour le retour de tous les exilés politiques. L'ancien émir national, Madani Mezrag, estime que «le projet de réconciliation nationale vient de redémarrer». On le sent près optimiste dans le propos. Il considère que les grands chantiers vont reprendre «pour le bien du citoyen» et que le projet de «révision de la Constitution va également aboutir». Enfin, on croit savoir que la désignation de Abdelaziz Belkhadem à la tête de l'Exécutif est bien accueillie chez les islamistes, au grand dam du MSP qui exprime des appréhensions. Ahmed Benaïcha, ancien émir de l'Ouest, indique que le retour de Rabah Kébir dans son pays est un «signe fort». Il entre dans le cadre du projet de réconciliation qui a connu «certains trébuchements, pendant les dernières semaines», précise-t-il. Il constate une nette orientation vers «le respect de la volonté du peuple qui a plébiscité le projet». Ce dernier ne fait pas de détours pour dévoiler son opinion. Il indique que «la minorité est en train de perdre du terrain. Elle est entrée dans l'impasse. Maintenant, on peut dire que la réconciliation a fait un grand pas», souligne-t-il. Mais les embûches persistent, relève-t-il. Il en appelle au président de la République. Il lui demande d'intervenir pour donner un coup d'accélérateur au projet qui avance trop lentement à son goût. Selon Benaïcha, les obstacles se situent au niveau de l'administration. «Le recensement a été fait, il est terminé, mais la concrétisation des instructions émises par le biais de l'ordonnance portant application de la Charte pour la paix et la réconciliation tardent à voir le jour ; on ne veut pas que la réconciliation se réduise aux slogans creux et aux discours», ajoute-t-il. Le soulagement est visible même si certains doutes persistent. Rappelons que Abdelaziz Belkhadem représente une carte maîtresse dans la politique de réconciliation. Sa position est connue depuis qu'il était au bureau politique du FLN, au côté d'Abdelhamid Mehri, durant l'ère des démonstrations de force. Il avait rejoint également les signataires de «l'Appel pour la paix» en 1997 et qui avaient tenu une conférence de presse, la veille de l'annonce de la création du RND, rappelle-t-on. Lors de la campagne de sensibilisation pour la Charte chacun est allé discourir selon ses convictions du jour.C'est à partir de là que les premiers couacs sont apparus au grand jour, montrant nettement les divergences entre les ministres d'un même gouvernement qui se sont exprimés selon leurs convictions. Les dernières évolutions sur la scène politique annoncent un recentrage certain dans le sens de la paix. Les hésitations semblent se diluer pour laisser place aux initiatives concrètes.