La situation épidémique est dans le rouge! Ces deux dernières semaines, les contaminations à la Covid-19 ont connu une augmentation fulgurante. On note une moyenne nationale de 249 nouveaux cas recensés chaque jour. Cela représente 16% du pic des infections. Résultat des courses: les places sont de plus en plus «chères» au niveau des établissements hospitaliers, notamment dans les grandes villes. Selon les témoignages recueillis auprès de médecins exerçant dans les services Covid-19, la pression augmente de jour en jour. Pis encore, ils attestent que «certains services de réanimation arrivent à saturation». «On a eu deux collègues, médecins, qui ont fait le tour des hôpitaux de la capitale, pour trouver une place de REA à leurs proches», soutient un médecin au niveau de l'EPH d'Aïn Taya. «La capitale connaît un net rebond épidémique, ce qui commence à entraîner une saturation des établissements sanitaires», confirme un professeur en médecine. C'est le même constat fait dans la majorité des hôpitaux des grandes villes, notamment Oran, Tizi Ouzou, Boumerdès, Sétif et Béjaïa. «La situation est également catastrophique à Jijel», atteste une résidente à l'hôpital Medjdoub Saïd de Taher. «Pourtant, les choses étaient calmes jusqu'au début du mois de décembre», indique la même source. Aïn Defla, pareil! Le rebond épidémique n'a commencé à se faire ressentir que depuis une semaine. «Il y a une légère hausse comparativement aux derniers mois», précise un autre professionnel de la santé. Paradoxalement, dans d'autres wilayas, c'est toujours le calme plat, à l'instar d'El Oued, Touggourt ou Médéa. Dans cette dernière ville, il y a presque eu zéro cas, depuis près de 2 mois. Cela ne veut, toutefois, pas dire qu'elles ne seront pour autant pas touchées par cette 4e vague. C'est le même scénario qui a été vécu lors de la 3e vague avec des wilayas épargnées avant que la Covid-19 ne se propage jusqu'aux fins fonds du Sahara. Les spécialistes prédisent, d'ailleurs, une fin d'année catastrophique avec des contaminations à tout-va. Leurs craintes sont d'autant plus justifiées avec les festivités qui ont marqué la victoire de l'équipe nationale de football en Coupe arabe des nations, FIFA-2021. De très grands rassemblements de foule ont eu lieu durant plusieurs jours, sans que les gestes barrières soient respectés. Les porteurs de masques étaient très rares, alors que la distanciation sociale était complètement absente. Bien au contraire, tous étaient «collés» les uns aux autres, avec des accolades et autres bises de joie! Une inconscience générale qui risque de nous mener vers un véritable drame. Le début de 2022 risque de ressembler au début de l'été dernier: morts, système de santé au bord de la rupture et course à l'oxygène médical. Surtout que la vaccination n'a pas atteint le niveau escompté. On est très loin d'atteindre la fameuse immunité collective. Notre système sanitaire sera certainement mis, une nouvelle fois, à rude épreuve. Sommes -nous prêts pour cette nouvelle bataille? Le ministre de la Santé a multiplié, ces derniers jours, les rencontres avec les responsables de son secteur, afin de leur donner des instructions à même de permettre d'éviter le scénario de la 3e vague. Mais est-ce suffisant? Sur le terrain, des décisions concrètes ont-elles été prises? Ou est-ce seulement de belles promesses comme au mois de juin dernier? A-t-on retenu les leçons, notamment en ce qui concerne l'oxygène médical? La demande sera incontestablement encore très importante. Il faut, par conséquent avoir, dès à présent, des stocks importants. Les deux ministères en charge de ce dossier, à savoir de la Santé et celui de l'Industrie pharmaceutique, doivent mettre de côté leurs «querelles» pour assurer une bonne disponibilité de cette matière ô combien vitale. Il est aussi impératif qu'ils travaillent main dans la main pour assurer la disponibilité du Lovenox ou un quelconque autre médicament. Le problème de la disponibilité des places doit aussi être pris en charge. Il n'est plus question de voir la détresse des citoyens qui font le tour des hôpitaux du pays, afin d'espérer être soigné. Quand on a vu les limites de la stratégie de transformation de certains services en centres Covid-19, on est en droit de s'interroger si un «plan B» a été prévu tel que des hôpitaux de campagne? L'Algérie a été suffisamment endeuillée, avec la 3e vague; les autorités sanitaires ont eu tout le temps de se préparer. Un nouveau drame et de nouvelles failles seraient intolérables...