La coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen a accusé dimanche l'Iran et le Hezbollah libanais d'avoir aidé les rebelles Houthis à attaquer son territoire, au lendemain de frappes meurtrières. Ces derniers jours, la coalition a visé des positions des rebelles Houthis, proches de l'Iran, dans la capitale du Yémen, Sanaa, qu'ils contrôlent depuis le début du conflit en 2014. La coalition, qui soutient depuis 2015 le gouvernement yéménite dans sa guerre contre les rebelles, les a accusés d'avoir «militarisé» l'aéroport de Sanaa, fermé aux vols humanitaires depuis mardi après des raids saoudiens.»Le Hezbollah forme les Houthis à piéger et utiliser des drones à l'aéroport», a déclaré le général Turki al-Maliki, porte-parole de la coalition.»Les Houthis utilisent l'aéroport de Sanaa comme point principal de lancement de missiles balistiques et de drones» vers l'Arabie saoudite, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Riyadh. Il a diffusé des images de ce qui est, selon lui, «le siège des experts iraniens et du Hezbollah à l'aéroport» de Sanaa, ainsi que des hommes présentés comme des membres du mouvement chiite libanais considéré comme terroriste par les Saoudiens. Turki al-Maliki a appelé à la «responsabilité de la communauté internationale» pour faire «cesser ces actes hostiles» contre le royaume. Le conflit s'est intensifié au Yémen ces derniers jours, l'Arabie saoudite ayant déclenché samedi une opération militaire «à grande échelle» dans le pays après que deux personnes ont été tuées et sept blessées sur son propre territoire, dans une attaque revendiquée par les Houthis. Si les rebelles yéménites attaquent régulièrement l'Arabie saoudite voisine, ciblant des aéroports et des infrastructures pétrolières, il s'agissait de la première attaque mortelle touchant le royaume depuis 2018. En représailles, trois personnes ont péri et six autres ont été blessées, selon des médecins yéménites, lors de frappes aériennes menées par la coalition au nord-ouest de Sanaa. La coalition a affirmé dimanche matin avoir détruit des entrepôts d'armes à Sanaa, selon l'agence officielle saoudienne SPA. Dans la soirée, elle a annoncé avoir lancé de nouvelles frappes sur une base aérienne à Sanaa pour empêcher les rebelles de «transférer des armes». L'Arabie saoudite accuse depuis longtemps l'Iran de fournir des armes aux Houthis et le Hezbollah de former les insurgés. Si Téhéran reconnaît son soutien politique aux rebelles, il dément leur fournir des armes. L'ambassadeur de l'Arabie saoudite au Yémen, Mohammed al-Jaber, avait comparé samedi sur Twitter les Houthis au Hezbollah, affirmant qu'ils utilisent des armes iraniennes pour attaquer son pays. Jeudi, la marine américaine a annoncé avoir saisi 1.400 fusils d'assaut AK-47 et des munitions sur un bateau de pêche parti selon elle d'Iran et à destination des rebelles yéménites. Depuis le déclenchement du conflit il y a sept ans, les Houthis ont progressivement pris le contrôle d'une vaste partie du nord du Yémen en dépit de l'intervention de la coalition militaire. A Sanaa, les Houthis ont promis de «répondre à l'escalade par l'escalade». «Nous n'hésiterons pas à mener des opérations ciblées dans la période à venir», a déclaré leur porte-parole militaire Yahya Saree, lors d'une allocution diffusée par la chaîne yéménite pro-rebelles Al-Massirah. Les récentes attaques des Houthis contre l'Arabie saoudite ont été condamnées par plusieurs pays, dont les Etats-Unis et la France. Ces attaques «perpétuent le conflit, prolongent la souffrance de la population yéménite et mettent en danger les Saoudiens, ainsi que les 70.000 ressortissants américains qui résident en Arabie», a indiqué l'ambassade des Etats-Unis à Riyadh. Selon les Nations unies, la guerre au Yémen a causé la mort de 377.000 personnes, dont plus de la moitié en raison des conséquences indirectes du conflit, notamment le manque d'eau potable, la faim et les maladies. Mercredi, le Programme alimentaire mondial de l'ONU s'est dit «contrainte» de réduire l'aide au Yémen, faute de fonds suffisants, en dépit de la hausse de la faim et des risques de famine dans ce qui est l'une des pires crises humanitaires au monde.