Dans son rapport publié le 2 novembre dernier, la Banque mondiale revient sur les performances et les ratés de l'économie nationale dans le courant de l'année 2021. Le principal facteur d'appréciation a consisté, pour la BM,en le degré de résistance à la pandémie de la Covid-19. Il a ainsi été établi dans le rapport une assez bonne tenue de l'économie qui se remet «en partie, des crises sanitaire et économique provoquées par la pandémie de Covid-19», note le document de la BM. Pointant «la lenteur de la vaccination» comme un facteur susceptible de compter parmi les points négatifs dans le bilan des actions menées par les pouvoirs publics, la BM n'écarte pas la reconduction de «certaines mesures de confinement (qui) pourraient, toutefois, être maintenues jusqu'en 2022». Une perspective que le rapport semble annoncer comme plus que prévisible. Cette «prophétie» qui jette un voile d'incertitude sur la reprise effective de la croissance pour 2021, n'interdit pas, néanmoins, l'option d'une erreur d'apréciation de la BM, sachant que la gestion de la pandémie a toujours été assez bien notée par l'OMS. L'instauration du pass vaccinal pourrait démentir les prévisions pessimistes de l'institution de Bretton Woods. Il reste, que l'Algérie a connu un sérieux redressement de ses finances en 2021, constate la BM qui met cette embellie sur le compte du secteur des hydrocarbures qui s'est distingué par une évolution très nette des cours. La très forte demande européenne en gaz à,en effet, très largement profité à l'Algérie qui a vu sa production et ses exportations en ce produit énergétique fortement augmenter. Les chiffres rapportés par la BM dans son rapport sont édifiants. On y ap-prend qu'en octobre 2021, «la production algérienne mensuelle de pétrole brut avait progressé de 10,4% par rapport à décembre 2020, et de 16,7% à juin 2020». Concernant le gaz, la BM souligne que «la production s'est envolée, dans un contexte d'un rebond de la demande de gaz et d'une augmentation significative de la part de marché de l'ALgérie sur le continent européen. Au cours des huit premiers mois de 2021, la production de gaz naturel liquéfié a bondi de 25,4% et 12,1 respectivement, en glissement annuel». À ce double facteur favorisant pour l'Algérie, est venue s'ajouter la hausse remarquable des prix du pétrole et surtout ceux du gaz sur les marchés mondiaux. La BM accorde, néanmoins, un «carton jaune» au segment hors hydrocarbures de l'économie nationale. Le rapport parle d'essoufflement dans le courant du 1er semestre, «bien que certaines composantes du PIB réel aient affiché des augmentations considérables». La remarque mi-figue, mi-raisin de la BM s'explique par la hausse de la croissance estimée au 1er trimestre à 3,9% et 4,9% au- dessous de son niveau antérieur à la pandémie. Concernant les équilibres financiers du pays, le rapport relève la résorption du déficit du compte courant au premier trimestre. Cela grâce à une forte progression des exportations face à une stagnation des importations. «La facture des importations est restée relativement contenue, en lien avec la reprise modérée de l'investissement et les politiques soutenues de compression des importations», constate la BM. Sorti des agrégats financiers, le rapport constate une réelle dynamique du marché de l'emploi, ce qui révèle une sortie progressive de la récession induite pas la Covid-19. Il a été retenu que durant les 8 premiers mois de l'année, les offres d'emploi publiées par l'Anem étaient encore inférieures de 9,9% comparativement à la même période en 2019. Globalement, la BM a remarqué que le marché de l'emploi s'est tout de même amélioré en 2021. Le revers de la médaille de 2021 aura été la décevante récolte agricole qui n'a pas tardé à impacter l'indice des prix à la consommation qui, au pointage d'octobre 2021, a «augmenté de 9,2% en glissement annuel, un record depuis 2012», lit-on dans le rapport qui ramène cette inflation à «une sécheresse précoce qui a freiné la production agricole et les efforts de rationalisation des subventions». Les chiffres parlent d'eux-mêmes: les prix des produits de l'agro-industrie et les produits frais ont progressé de 12,3% et 16,5%. Ainsi, le verdict de la Banque mondiale sur les résultats économiques du pays reflètent la prédominance des hydrocarbures, mais l'on peut aussi souligner un début de reprise en main sérieuse, au vu de certains indicateurs. L'on soulignera la maîtrise des importations, la progression des exportations hors hydrocarbures et l'excédent commercial de 1,04 milliard de dollars réalisé durant l'exercice 2021.