Pour cette première prise de contact, le ministre de la Communication a surtout défriché le terrain. L'ouverture de l'audiovisuel n'est pas une priorité du gouvernement, a affirmé hier, en filigrane, le nouveau ministre de la Communication, El Hachemi Djiar. Lors d'une rencontre avec la presse nationale, tenue hier au siège de l'APS, le ministre a néanmoins clairement affiché la volonté de l'Etat d'ouvrir, à terme, le champ de l'audiovisuel. Cependant, soutient le ministre, «il faut préparer cette ouverture, en consolidant le secteur public pour qu'il ne soit pas phagocyté» par les puissances d'argent. Le souci des pouvoirs publics, à en croire le ministre, est d'éviter une expérience malheureuse en faisant dans «l'improvisation». M.Djiar, qui estime que l'Algérie est passée par trois grandes phases depuis l'indépendance du pays, souligne qu'il ne faut pas rééditer l'erreur de l'ouverture démocratique «improvisée» et mal assumée. Laquelle a débouché sur «une période de chaos aux niveaux institutionnel, social économique...». A partir de 1999, soutient le ministre, «l'Algérie est entrée dans une phase de redressement national» et «nous entamons la période de consolidation de ces acquis». Pour ce faire, le premier responsable du département de la communication préconise une préparation des médias audiovisuels publics pour les préparer à affronter la concurrence du secteur privé. Aussi, il est question de donner tous les moyens nécessaires à la télévision nationale pour la mettre à niveau, tant au plan matériel qu'humain. M.Djiar pour qui le «régime de l'information totalitaire est définitivement révolu», propose une sorte de «deal» à la presse écrite privée, en proposant la formule du «régime de la socialisation politique». Un concept qui donne à la presse nationale un rôle d'«éducateur» de la société. Selon le ministre, l'oeuvre de consolidation des acquis démocratiques, passe par une presse consciente de sa mission «politique» dans le sens de la sensibilisation du citoyen. La formule chère au ministre de la Communication est «une exigence de la phase par laquelle passe l'Algérie». Mais n'ayant pas l'intention d'imposer ce point de vue à la presse privée, le ministre insiste sur la nécessité pour l'Algérie de disposer d'un secteur public fort, pour lui permettre justement de jouer ce rôle de «socialisation politique». C'est là, en quelques mots, la doctrine de l'Etat dans la gestion du secteur de l'information qui, affirme le ministre, entre dans le cadre d'une stratégie gouvernementale globale. A ce propos, M.Djiar, tout en affirmant qu'il ne remplit pas la fonction de porte-parole du gouvernement a énuméré les priorités du gouvernement pour les mois à venir. Le ministre dira que le gouvernement a décidé de recentrer son action sur le plan socio-économique en agissant «sur les aspects qui intègrent des leviers puissants sur la croissance économique et la lutte contre la pauvreté». Cela en plus d'une démarche d'évaluation permanente des activités des différents départements ministériels et la primauté de l'action sur le terrain sur les réunions qui ne se tiendront désormais qu'en cas de nécessité. En résumé, à en croire M.Djiar, le gouvernement veut aller droit au but, en mettant en avant l'efficacité, notamment sur la question de la promotion de l'investissement qui, fera l'objet d'une attention particulière de l'Etat, par rapport à l'accès aux finances et au foncier industriel. Pour cette première prise de contact, le ministre de la Communication a surtout défriché le terrain et s'est dit disposé à écouter, tout en relevant que la transparence sera le credo de son département. Affichant une volonté d'associer les professionnels des médias à sa démarche future, le ministre a déclaré qu'il avait convoqué la presse pour «réfléchir à haute voix».