Entre le Mali et la France, rien ne va plus. Signe d'une dégradation accélérée des relations entre les deux pays, le Premier ministre malien de transition Choguel Kokalla Maïga a déclaré, dans un entretien sur Afrique 24, que Paris mène, au Sahel, un «terrorisme diplomatique, médiatique et psychologique». Et c'est à la suite d'une «relecture» des rapports et des évènements qui ont caractérisé ces relations, depuis janvier 2013, date de la première intervention militaire française au Mali, que le Premier ministre Maïga veut «relire les accords déséquilibrés qui font (de nous) un état qui ne peut même pas survoler son territoire sans autorisation de la France», a-t-il prévenu, dans une déclaration à la télévision nationale. Et d'assurer qu'au terme de cette relecture, une demande a été transmise au gouvernement français, sans précision quant à la nature des modifications réclamées par Bamako. Il faut préciser que les accords dont il est question relèvent, en fait, d'un traité en matière de défense qui lie les deux pays, signé en mars 2013, trois mois exactement après le déploiement de l'opération Serval. Au dit traité intergouvernemental, a été ensuite ajouté un protocole additionnel qui régit, depuis lors, le fonctionnement des troupes françaises au Mali, dont celles de la force Barkhane. Si le Premier ministre malien a affirmé qu'il n'est plus question de «demander des autorisations de vol», il n'en a pas pour autant évoqué une quelconque menace d'entraver les opérations aériennes de Barkhane, tandis que, du côté de la Mission des Nations unies (Minusma) on assure que les discussions vont bon train «avec les partenaires maliens» pour valider le nouveau mécanisme d'approbation des vols. Ces derniers sont, d'ailleurs, suspendus depuis la fermeture de l'espace aérien, décrétée par les autorités de la transition en riposte aux sanctions de la Cédéao. Bamako a également donné un délai qui expirait hier soi, aux compagnies aériennes de la Cédéao (Air Sénégal, Air Burkina, Air Côte d'Ivoire et la togolaise Asky), ainsi, qu'à Air France pour confirmer leur intention de desservir le Mali. Passé ce délai, leurs créneaux horaires seront attribués à d'autres compagnies, a même précisé la ministre malienne des Transports, Mme Dembele Madina Sissoko, dans une lettre-communiqué n° 3-2022-MTI, en date du 14 janvier dernier. Cette démarche des autorités maliennes a été relayée par le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop qui a assuré que son pays a effectivement «demandé la révision du Traité en matière de défense qui le lie à la France». Une initiative qui vient s'ajouter à toute une série de tensions entre Bamako et Paris, depuis que le gouvernement français a multiplié les critiques et les avertissements contre le recours au groupe Wagner en prévision de la réorganisation de la présence militaire française au Mali. Voici deux jours, seulement, le MAE français et ses homologues européens ont assuré que l'UE compte «poursuivre la lutte anti terroriste au Sahel mais «pas à n'importe quel prix».