«L'aumône de Sarkozy pour les sans-papiers», «le petit geste de Sarko», «un coup de pub», c'est en ces termes dubitatifs ou ironiques que la presse et les associations de défense des étrangers ont accueilli l'annonce par le ministre de l'Intérieur d'étudier au cas par cas la régularisation des familles dont les enfants sont scolarisés en France. «Lorsqu'un enfant étranger est né en France ou qu'il y est arrivé en très bas âge, qu'il est scolarisé en France, qu'il ne parle pas la langue de son pays d'origine, qu'il n'a aucun lien avec ce pays, il serait très cruel de l'y reconduire de force», avait déclaré Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, devant les sénateurs qui examinent, jusqu'à mardi prochain, le texte sur l'immigration. Il envisage donc d'instruire les préfets de procéder «à cette admission exceptionnelle» tenant compte de critères humanitaires. Les familles concernées seraient celles dont les enfants sont présents en France ou ayant un enfant né en France ou arrivé en bas âge, scolarisé depuis au moins une année, ne parlant plus sa langue d'origine et n'ayant plus de lien avec le pays d'origine. Des conditions «iniques», selon les associations dont Réseau Education sans frontières, qui estime le taux de familles répondant à ces critères à 1 ou 2%. Les associations dénoncent ce coup de pub électoral de Sarkozy et rappellent que ce soi-disant geste humanitaire vient après la mobilisation sans précédent à l'approche des vacances d'été en faveur des enfants menacés d'expulsion. Près de 720 familles ayant des enfants scolarisés seraient sous le coup d'une décision de reconduite à la frontière. La porte-parole du Gesti (organisme d'aide aux émigrés) a déclaré à la presse que «la régularisation ne concerne que des jeunes et des familles qui sont là depuis 6 ou 7 ans. Or, ils ont droit à un titre de séjour en vertu de la loi». Le Front national s'est évidemment empressé de qualifier cette mesure «d'assaut de démagogie entre Sarkozy et Ségolène Royal». Pour sa part, le Collectif Uni(e)s contre une immigration jetable ne désarme pas et prévoit une manifestation le 1er juillet pour protester contre la loi sur l'immigration. Pour ce collectif, la décision de Sarkozy de régulariser quelques sans-papiers n'a qu'un effet d'annonce médiatique, alors que le texte en débat au Sénat va «lui fabriquer massivement des sans-papiers et de mettre en garde contre cette loi qui nous mène droit dans le mur de la clandestinité». A ce propos, les sénateurs ont introduit 74 amendements au projet de Sarkozy, notamment pour assouplir la procédure de regroupement familial. Pour l'heure, le ministre de l'Intérieur a demandé aux préfets de proposer systématiquement aux familles, au cours du mois de juin une aide au retour, soit 3500 euros pour un couple et 1000 euros par enfant car, a-t-il averti, il ne faudrait pas encourager les filières de l'immigration clandestine.