Cette «expérience» qui durera tout un mois, donnera aux sionistes l'opportunité de diffuser «leurs messages» aux jeunes Arabes. Le monopole d'ART sur la diffusion des images de la Coupe du monde de football sur tout le Moyen-Orient et le Maghreb, a créé une situation impensable, il y a de cela quelques jours à peine. Ainsi, les citoyens arabes, obligés de payer leur droit de visionner les matchs de ce rendez-vous majeur du sport international, se sont rabattus, pour bon nombre d'entre eux, sur les chaînes qui ont eu le droit de diffusion de ce fameux Mondial et qui émettent en clair. Il se trouve que les télévisions israéliennes font partie du lot. Voyant leurs chaînes publiques «muettes» par rapport à l'événement international de l'heure, les téléspectateurs arabes se rabattent sur les télés israéliennes. Le patron de ART, cheikh Salah, et les dirigeants arabes ont donc créé une situation inédite, donnant un avantage médiatique impressionnant aux sionistes qui, grâce à «l'appât du gain» du premier et l'inconséquence des seconds, voient des millions de citoyens arabes converger vers leurs médias. «On aurait voulu le faire exprès, on n'aurait pas fait mieux», soutient un expert international de la communication. Notre interlocuteur relève que sur les milliers de chaînes qui inondent le paysage médiatique mondial, les Israéliens avaient peu de chances de capter l'intérêt des jeunes Arabes, mais ce qui s'est passé avec ce Mondial a permis de réduire considérablement le champ et mis les télévisions israéliennes en position dominante dans le formidable bouquet de chaînes que compte la planète. Et pour cause, les télés publiques qui diffusent «gratuitement» les matchs ne sont que quelques dizaines au plus. Et vu le peu d'engouement pour les cartes de ART, l'on conclut que les Israéliens tiennent là une occasion sans précédent de toucher une grande partie de la jeunesse arabe. Les remarques de notre expert sont d'autant plus recevables, sachant que les citoyens du Moyen-Orient et du Maghreb sont assez peu habitués au système des télés payantes. Cette première dans les rapports sociétés arabes-Etat sioniste est porteuse, disent certains observateurs, d'un risque certain, pour la simple raison que les médias audiovisuels en Israël sont contrôlés par des personnes proches du courant conservateur pur et dur. Ainsi, cette «expérience» qui durera tout un mois, donnera aux cercles politiques israéliens l'opportunité de diffuser «leurs messages» aux jeunes Arabes. En effet, à la mi-temps et avant le début d'une rencontre capitale, ces cercles disposent d'«une marge de manoeuvre» assez importante pour influencer, d'une manière ou d'une autre, le téléspectateur. Il est vrai que, pour l'heure, l'on ne peut estimer les «dégâts», mais l'expérience a bel et bien débuté. Sur les millions de nouveaux téléspectateurs qui vont affluer sur leurs chaînes, les sionistes voudront sans doute en fidéliser une partie. La «bataille» engagée n'aura qu'une faible résistance de la part des dirigeants arabes qui auront, encore une fois, très mal apprécié l'importance de l'arme médiatique, en jetant leurs jeunesses dans «la gueule du loup». Les premiers effets de cette «gaffe» des régimes moyen-orientaux et maghrébins ne se fera sans doute pas sentir dans l'immédiat. Mais le ver est dans le fruit. Il est dans l'intérêt des dirigeants arabes de prendre cette «expérience» très au sérieux, car le lobby sioniste a les moyens de la rééditer sous une forme ou une autre.