L'Expression: Le Maroc vient de signer un accord de pêche avec l'Union européenne, comment qualifiez-vous cet agissement? El Khati Edouh: Le Maroc a toujours tenté d'exploiter le volet économique et commercial dans l'affaire sahraouie. C'est d'ailleurs la stratégie qu'il a privilégiée depuis une trentaine d'années, mais c'est une stratégie vaine. Comme beaucoup d'accords, comme celui sur la pêche et d'autres pour la prospection du pétrole, le Maroc tente de consolider la stratégie coloniale et la politique d'expansion. Quant au dernier accord avec l'Union européenne sur la pêche, nous ne pouvons que condamner ce genre de conventions qui sont contraires au droit international. Il faut que vous sachiez que tous les accords signés pour prospecter le pétrole dans les territoires sahraouis ont fini par être résiliés, ce sera certainement le même sort réservé à l'accord de pêche. Des informations ont fait état de cas de répression dans les camps des réfugiés, quelle lecture faites-vous de ces allégations? Cet incident fait partie et nourrit à la fois la propagande et la guerre médiatique menées par le Maroc. Ce n'est qu'un mensonge comme d'ailleurs celui selon lequel les Sahraouis des territoires occupés sont favorables à la présence marocaine. Mais celui-ci a été vite démenti par les manifestations continuelles menées dans les territoires du nord par nos compatriotes. Nous invitons les observateurs et les journalistes du monde entier à venir découvrir la réalité dans les camps des réfugiés. La Minurso est mandatée pour une nouvelle mission, ne craignez-vous pas le maintien du statu quo? Je crois que l'ONU doit assumer ses responsabilités et assurer le respect de la légalité internationale qui confirme le droit indiscutable du peuple sahraoui à l'autodétermination. Par ailleurs, la responsabilité des Nations unies doit se concrétiser sur le terrain par l'exercice d'une pression sur le Maroc pour aller vers un référendum d'autodétermination. Ce qui permettra ensuite aux Etats du Maghreb de s'unir. Comment voyez-vous la position de l'Union européenne par rapport à la question sahraouie? Des Etats membres de l'Union européenne proches du Maroc ne font pas avancer les choses pour des raisons purement économiques. La France, à titre indicatif, travaille pour le statu quo qui arrange les deux pays. Quand nous dénonçons la position de l'Union européenne, cela signifie la position des pays alliés du Maroc.