Cinquante ans après la création de l'UE, son DG des relations extérieures déplore l'inexistence d'une politique extérieure commune. L'Union européenne se montre derechef intéressée à un Maghreb uni. C'est une formalité politique qui, d'après son directeur général des relations extérieures, Eneko Landaburu, en visite en Algérie, devrait fournir une forte poussée aux rapports entre l'Union européenne et les pays de la Rive sud de la Méditerranée. Lors d'un point de presse tenu dans les locaux de la délégation de la Commission européenne à Alger, le directeur général des relations extérieures de l'Union européenne laissa enten-dre que l'ajournement du processus d'intégration régionale au Maghreb constitue «un véritable frein d'ordre politique». Mais, au-delà d'une simple vision des choses, l'Union européenne a-t-elle vraiment intérêt à négocier son profit avec un Maghreb uni? Il faut reconnaître, les exemples ne manquent pas d'ailleurs, que l'Union européenne a toujours privilégié la discussion d'un pôle contre une contrée. La plaidoirie de Eneko Landaburu pour la reconstruction de l'Union du Maghreb arabe, un projet tributaire du règlement de la question sahraouie, n'est qu'un langage diplomatique qui ne reflète pas les réalités du terrain. D'ailleurs, à propos de la question sahraouie, l'Union européenne ne cesse de tenir un double langage qui répond parfaitement aux intérêts de certains de ces pays et aux calculs des autres. Il n'y a pas longtemps, lors du premier conseil d'association algéro-Union européenne, cette entité s'est montrée favorable pour le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination du peuple sahraoui. Quelques jours après, l'Union européenne rectifie sa position, mais une correction qui, malheureusement, va à l'encontre du peuple sahraoui et de la légalité internationale. L'Union européenne a signé avec le Maroc un accord de pêche qui donne au royaume chérifien sa propriété sur le littoral sahraoui. Interrogé sur cette question, le directeur général des relations extérieures de l'Union européenne s'est montré gêné et prisonnier de la position instable de l'Europe. Mais appelé à s'expliquer, Eneko Landaburu nous répond qu'il n'est pas informé de la position exprimée par l'Union européenne lors de la première session du conseil d'association avec l'Algérie. En guise de rappel, dans une déclaration politique rendue publique à l'issue de cette entrevue qui s'est tenue à Bruxelles, il est mentionné texto que l'Union européenne «appuie entièrement» les efforts de paix de l'ONU au Sahara occidental et le «droit à l'autodétermination du peuple sahraoui». Une quinzaine de jours après cette déclaration, un haut responsable de l'Union européenne affirma, mardi soir, aux journalistes qu'il n'est pas au courant de cette déclaration. Pis encore, Eneko Landaburu ira même à l'encontre de la position exprimée dans la déclaration politique sanctionnant la première session du conseil d'association. Il a laissé entendre sans ambages que «l'Union européenne n'a jamais pris position par rapport à ce conflit». Le conférencier ira encore plus loin en reconnaissant qu'il «existe différentes sensibilités qui font que les choses n'avancent pas sur la même piste». Les Etats membres de l'Union européenne ont chacun une position, explique également l'envoyé spécial de l'UE à Alger. «C'est comme d'ailleurs le cas de la guerre en Irak, certains pays sont pour, d'autres contre», a-t-il ajouté. L'orateur, pour se justifier, dira que l'accord de pêche signé avec le Maroc n'est qu' «une convention commerciale qui n'a rien de politique et qu'elle respecte le droit international». Après quoi, le directeur des relations extérieures de l'Union européenne réclame au nom de son organisation «une solution négociée dans le cadre de l'ONU». Comme pour défendre à nouveau la position de l'UE et écarter le qualificatif de double langage, Eneko Landaburu a déploré qu'«au sein de l'Union, il n'existe pas encore de politique extérieure commune, cinquante ans après sa création». Sur sa lancée, il a reconnu que «les pays scandinaves soutiennent la cause sahraouie contrairement à d'autres pays européens», en l'occurrence la France et l'Espagne qu'il n'a pas voulu citer.