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La centenaire nous quitte silencieusement!
Lla Baya était issue d'une séculaire famille de Cherchell
Publié dans L'Expression le 27 - 02 - 2022

Lla Baya, comme d'aucuns l'appelaient, avec cet inconditionnel respect qu'on attribue à nos doyens dans notre vécu de tous les jours, venait d'une famille qui a toujours été une fervente gardienne du patrimoine de la Cité... ce patrimoine de mémoire, de vertus et de meilleures traditions fait d'us et de coutumes qui trouvent leurs racines dans les profondeurs de notre Histoire. En d'autres termes, Lla Baya était une Dame «Betbaâ», comme la qualifiaient les natifs de bonnes lignées, en faisant allusion à son caractère - son meilleur caractère, entendons-nous -, à sa complexion, à sa personnalité et à ses aptitudes naturelles. N'a-t-elle pas été élevée dans la dignité et l'humilité de ces familles vénérables qui ont tout donné pour l'éducation de leurs postérités?..
C'est pour cela, qu'aujourd'hui, dans la douleur de la séparation, l'idée d'évoquer son souvenir de mère affective, de perceptrice et de pédagogue avec ses enfants et ses petit-enfants, en même temps qu'une grande gouvernante d'un foyer familial, est un rappel nécessaire autant pour les jeunes que pour la mémoire collective dans notre Cité qui vient d'enterrer sa respectée centenaire. Comment cela? Eh bien, parce que ne pas rappeler au bon souvenir des habitants de Cherchell, ces nobles Dames qui ont tout fait, de leur vivant, pour mettre les jeunes sur le droit chemin, en leur conservant leur culture, c'est débiter des «moments», pourtant forts, avec une désagréable monotonie.
C'est ainsi, qu'intervenir aujourd'hui, en ce septième jour du décès de Lla Baya, cette figure emblématique, pour exprimer notre douleur et notre compassion après sa disparition, est plus qu'un réconfort pour la famille, les proches et les lointains amis (es), enfin pour la population de Cherchell toute entière. Oui, c'est même un devoir impératif, parce que la disparition de la vénérée Lla Baya, cet autre centenaire, épouse de feu, notre Si Abdelkader Héraoui, dit Bensaâdoune..., cette disparition même cruelle, marquée par un sentiment de tristesse, nous rappelle constamment que la liste d'âmes valeureuses, n'est pas encore close et que le vaste Paradis du Firdaous attend toujours d'heureux élus (es), comme elle qui nous a quittés, humblement, sereinement, silencieusement, de la même manière qu'elle a vécu parmi les siens, de toute son existence. Y a-t-il mieux qu'une offrande pareille pour se rapprocher de Dieu, Clément et Miséricordieux?
Oui, c'est pour cela qu'en ce jour béni par le Tout-Puissant, en ce dimanche 13 février, le jour de ses obsèques, ils étaient tous là au cimetière, sans trop de pompe, parce que ceux-là savent, comme le savait Lla Baya, que les gens passent, que les fortunes disparaissent, mais que le souvenir des Grands, ces honnêtes, braves et sincères, comme ce parfum suave, demeure pour l'éternité...
Comme ce parfum suave...
En réalité, ces légendaires créatures qui nous quittent - et nous ne les flattons pas, loin s'en faut - laissent derrière elles un cortège de pensées et de réminiscences qui leur permettent de vivre éternellement dans une ambiance de souvenirs, même si notre présent, en ces temps modernes, s'autorise à occulter notre passé, quand il n'agit pas pour le malmener. Car, au moment où la mémoire est constamment sollicitée, «il arrive que ce présent déforme la nôtre, comme celle des autres», ainsi l'affirmait si bien l'écrivain et cinéaste français, Jean-Claude Carrière.
Mais Lla Baya, avec ses qualités morales et son attitude, hautement bienséante et courtoise, en permanence..., elle qui a vécu la majeure partie de son existence, dans ce quartier mythique de Aïn-Qçiba - diminutif de Casbah dans l'idiome du pays -, où se mêlent les styles andalou et ottoman, allait-elle oublier cet environnement qui fut, en son temps, apaisant, à cause de son originalité et surtout de son hospitalité?
Au Royaume des cieux
Non! Parce que c'est là où elle a vécu ses plus beaux jours, parmi les siens, dans ce site séculaire, plus ou moins bien conservé, et qui, malheureusement, n'est pas aujourd'hui soustrait à l'usure du temps et des hommes qui font dans «les constructions nouvelles et les restaurations anarchiques de ces maisons».
C'est dans ce quartier, effectivement, là où se trouvait son logis familial, et où résonnaient et résonnent encore d'autres noms dans le cours de l'Histoire, que notre centenaire et son époux Si Abdelkader Héraoui, ou Bensaâdoune, pour les Cherchellois, ont eu ce privilège de vivre aux côtes de personnages, exhalant le parfum du don de soi, de l'esprit d'engagement et de sacrifice. Ils ont vécu les élans laborieux qu'exigeait le Mouvement national et ensuite les ardeurs que nécessitait la Révolution de novembre pour son maintien et sa réussite. Et c'est ainsi, qu'au cours de la Guerre de Libération nationale, Lla Baya, était plus proche de Yamina Oudaï, ou Lalla Zouleikha, cette femme de caractère, qui a écrit son nom en lettres d'or, indélébiles, inaltérables, perpétuelles. Cette martyre et son époux le Chahid Si Larbi - dans leur vie féconde d'hier -, n'ont pas hésité, de par l'humilité des authentiques héros et héroïnes de la Guerre de Libération nationale, à tisser dans l'autre vie, celle de leur avenir, celle qui fait qu'après leur mort, elle continue d'exister dans l'Histoire...
C'est dans cette ambiance, que Lla Baya de même que son époux ont participé, concrètement, selon leurs moyens, en faisant leur devoir de militants, à l'image de ce nombre impressionnant - 26 chouhada du quartier de Aïn-Qçiba -, ces combattants de la liberté qui ont fait leur auguste entrée dans la fournaise de la lutte de libération pour le recouvrement de notre souveraineté nationale.
Oui, Lla Baya a vécu dans ce quartier, mythique à plus d'un titre, à cause, également, d'un autre combat contre l'ignorance, celui qu'a mené Cherchell, avec aisance et efficacité. Elle a vécu à côté du fameux sanctuaire de la culture, appelé communément chez les autochtones «Djamaâ Laârrab» et qui était le prélude d'une production littéraire abondante. Aujourd'hui, nous en parlons au passé, avec une grande nostalgie, lorsqu'on évoque cette Médersa «Er-Rachidia», puisqu'elle n'est que ruines, par l'inconscience et le mépris des siens. Mais Lla Baya, comme tous les autres dignitaires de Cherchell, qui sont dans le Royaume des cieux, peuvent s'en réjouir car, enfin, et malgré l'obsolescence du présent, leurs progénitures, qui ont eu à fréquenter la Médersa, ont pu, par leur volonté, perpétuer ses valeurs sur le terrain de la réalité. Ils sont nombreux, présentement, ceux qui ont ou qui sont en train de briller dans le ciel de la science, de la culture, de la politique, et dans plusieurs autres domaines de la responsabilité nationale.
Ainsi, et toujours dans ce mirifique domaine de la science et de la culture, nous n'allons pas passer sous silence, Assia Djebar, cette sommité littéraire, au risque d'irriter, dans sa tombe, Lla Baya qui la connaissait et l'aimait toute jeune, parce qu'elle a vécu à quelques mètres de chez elle. Et ainsi, rappeler l'émérite académicienne à notre centenaire, dans cet écrit qui lui est réservé, c'est retourner inévitablement au bercail, à la Cité millénaire, métropole antique.
Une ambiance festive
En effet, Lla Baya ne peut être qu'honorée en remémorant la brillantissime écrivaine qui, après d'illustres personnages qui ont fait la gloire et la réputation de Iol-Caesarea-Cherchell, a porté haut le drapeau algérien par son apport à la Culture nationale et universelle que représente une quantité d'oeuvres littéraires qui ont été traduites dans plusieurs langues à travers la planète. De même que dans un autre monde, celui de la jurisprudence, disons un mot sur l'oncle d'Assia Djebar, en nous remémorant un autre patriarche de la ville antique, Si Mohamed Es-Sahraoui, «Oulid Chater», de son vrai nom Sahraoui-Tahar Mohamed, digne descendant d'une lignée de valeureux combattants des Beni-Menaceur. Maître Sahraoui, le notaire, qui était voisin, à une encablure du domicile de Lla Baya, s'en est allé, lui-aussi, à un âge très avancé, après une existence bien remplie, où il a occupé sa place dans la société avec un esprit du don de soi, de générosité, de magnanimité et d'humanisme.
Avons-nous tout dit sur notre disparue? Non..., ainsi, nous n'allons pas quitter ce modeste hommage sans en faire référence au goût raffiné de la défunte Lla Baya pour ce qui était de son amour pour la musique classique andalouse. Elle aimait, à l'image de toutes les familles citadines, ces nuits qu'agrémentaient les saveurs estivales, et qui plongeaient la Cité dans une ambiance festive où les douces romances envahissaient les quartiers de sons magiques, mêlés aux ardents youyous qui annonçaient les fins de nouba par des «khlass» mouvementés.
La justice et le droit
De ce fait, le temps s'écoulait doucement, comme disait quelqu'un...,il s'écoulait à travers cette agréable ambiance où la «Çanaâ andalouse» tenait le haut du pavé, et les souvenirs étaient encore à fabriquer.
Ah!..., que de souvenirs nous fait revivre la disparition de Lla Baya, où de Aïn-Qçiba jusqu'à la Place romaine, ce microcosme au parcours légendaire, nous avons l'impression d'être constamment en relation avec l'histoire, ô combien majestueuse de nos aïeux. Et comment, ne le sommes-nous pas quand, bien entourés d'hérauts de bons augures, nous revivons ces images syncrétiques de la culture, dans laquelle la nôtre, hautement variée et brillante, nous lègue des monceaux de gloire qu'il nous faut conserver jalousement. Tout, dans cet espace, qui exhale la somptuosité des temps anciens et qui raconte des étapes importantes dans le passé de notre Cité millénaire, nous fait vibrer de fierté et nous emplit de reconnaissance pour ce qu'étaient nos ancêtres dans leur lutte pour la justice, le droit, de même que dans leur sensibilité, leur imagination et leurs perceptions de la nature...
Enfin, peut-on conclure ce modeste hommage à notre centenaire Lla Baya, sans dire qu'il n'est pas facile de s'adonner à ce genre de littérature, quand la défunte est l'exemple de la grandeur et du respect, et que tant de pages ne peuvent combler le vide qu'elle a engendré au sein de sa famille et de tous ceux qui l'ont aimée? Par contre, nous pouvons terminer par ce qui peut nous réconforter, en clamant convaincus: quelle belle mort pour celle qui fut, jusqu'à son dernier souffle, de cette frange de Dames attentives et transparentes, celles qui ont vécu constamment dans la droiture!
Alors, le mot de la fin, nous le disons ainsi: dors en paix, Lla Baya, tu as accompli ta mission, grandement, sincèrement. Tu as laissé des enfants et des petits-enfants, tu as laissé des neveux accomplissant de hautes missions, tu as laissé donc, une famille digne, mais tu as laissé surtout un nom, et c'est cela ton capital devant l'Histoire, devant Dieu.
Paix à ton âme.
À Dieu nous appartenons, à Lui nous retournerons...


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