La guerre en Irak et en Afghanistan a relancé la course aux armements. Arès la signature du contrat du siècle dans le domaine de l'armement entre l'Algérie et la Russie, l'armée nationale s'est engagée dans un ambitieux programme de modernisation et de rénovation, à tous les niveaux, puisqu'il englobe, en plus de l'acquisition du matériel militaire, une redéfinition du rôle de l'ANP après une décennie de lutte antiterroriste. La mondialisation du terrorisme, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, a été confirmée par le redéploiement du mouvement terroriste international dans la région du Sahel, en Afrique, région dans laquelle l'Algérie possède une très vaste frontière, et donc est intéressée à sa sécurisation. L'enlèvement des touristes allemands et autrichiens par le Gspc de Abderrezak El Para a été l'un des signaux d'alarme sur la présence de bases d'Al Qaîda dans cette partie du monde. Certains n'ont voulu voir dans le contrat algéro-russe qu'un effet de la course à l'armement entre l'Algérie et le Maroc, mettant cela sur le compte de la recherche de leadership et la liant au dossier du Sahara occidental, alors qu'il apparaît bien que les achats de l'Algérie, dont la doctrine repose sur la défense du territoire national et non sur une quelconque volonté expansionniste, ne nourrit pas de telles velléités. Il est donc de bon ton de replacer ce contrat dans le contexte de la remise en selle de l'ANP après une décennie d'un combat acharné contre l'insécurité et la spirale de la violence dans le pays. Sans oublier que les menaces d'Al Qaîda ne sont pas à prendre à la légère aussi bien à l'égard de lAlgérie que des autres pays du Maghreb et du sahel. Dans ce combat contre les forces du mal, il apparaît clairement que les deux pays maghrébins, Algérie et Maroc, sont du même côté de la barrière. Cela dit, deux événements ont lieu presque simultanément en Algérie et en France et intéressent l'industrie de l'armement. Ces deux événements sont , d'un côté, la présence à Paris de Abdelmalek Guenaïzia ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale où il assistera à l'exposition internationale des matériels de défense terrestre EureuSatory-2006, à l'invitation de Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Défense. L'autre événement qui s'inscrit dans le même cadre n'est autre que celui de l'exposition grand public organisé par la direction de la fabrication militaire relevant de l'ANP, au musée central de l'armée, et qui s'étalera jusqu'au 16 juin 2006, offrant aux Algériens la possibilité de découvrir les produits des quatre unités que compte la DFM, à avoir l'entreprise des constructions mécaniques de Khenchela, spécialisée dans la fabrication d'armes à feu, l'Entreprise d'habillement, de campement, de couchage et d'ameublement militaire, ainsi que l'Office national des explosifs, et on finira par l'Entreprise des réalisations industrielles de Seriana (Batna) qui produit des munitions. L'un dans l'autre, ces deux événements mettent les projecteurs à la fois sur la nécessité de diversifier les fournisseurs en armement, tout en visant à asseoir une industrie nationale, même embryonnaire de fabrication d'armement. Cela dit, si on regarde ce qui se passe à l'échelle internationale, on remarquera que les dépenses dans le domaine de la défense ont progressé de 3,5% en 2005, sous l'effet conjugué de l'engagement américain en Irak et en Afghanistan et de la forte hausse des revenus des hydrocarbures. Ce qui est le cas pour l'Arabie Saoudite et la Russie, qui ont profité de l'explosion des cours pour augmenter sensiblement leurs achats, d'après une étude de l'Institut de la recherche internationale pour la paix, un organisme financé par le gouvernement suédois. Au total, pourrait-on y lire, les dépenses militaires dans le monde ont atteint l'an dernier 1120 milliards de dollars. Les Etats-Unis représentent 48 % de ce total, très loin devant la Grande-Bretagne, la France, Le Japon, et la Chine, avec chacun environ quatre à cinq pour cent de ce montant. La hausse par rapport à 2004 est due à 80 % à la forte progression des dépenses militaires du gouvernement américain.