La Forem estime que leur nombre oscille entre 2% et 2,5% de l'ensemble de la population. «Je m'appelle Djamel. J'ai 14 ans. Je suis orphelin et j'habite chez ma belle-mère. Je nettoie les moteurs des semi —remorques chez un mécanicien. Je touche 4000 dinars par mois». Et « que fais— tu de ton salaire?». «J'achète des vêtements pour mon petit frère, âgé de dix ans». La scène n'est pas tirée d'un film ni encore moins d'un roman, mais ce sont des témoignages d'un enfant ayant souffert des affres de l'exploitation sauvage de la part d'un mécanicien dénué de tout scrupule. Aujourd'hui, Djamel est pris en charge par le filet social qui lui octroie une aide financière de 8000 dinars. Mais de cette somme, il ne profite guère. C'est sa belle-mère qui l'accapare. Il ne faut surtout pas se leurrer ni déplorer la situation du jeune Djamel, car celui-ci n'est en fait qu'un cas parmi 300.000 enfants recensés par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). Selon une enquête effectuée par cet organisme, 2% à 2,5% de l'ensemble de la population, dont l'âge n'excède pas 15 ans, sont sur les lieux de travail. «Et la situation ne cesse de se dégrader à mesure que le temps passe» a averti hier le directeur exécutif de la fondation Forem, M.Abdellah Mekki, lors d'une conférence de presse animée au Centre culturel Aïssa Messaoudi d'Hussein Dey, à Alger. Le conférencier a, en effet, avoué que l'enquête réalisée en 2005 par la Forem, et qui concerne dix wilayas, démontre que le travail des enfants dans notre pays est un phénomène qui prend des proportions alarmantes. En dépit de la signature en décembre 1992 de la Convention internationale interdisant le travail des enfants, l'Algérie tarde encore à respecter cet engagement. A quoi est dû ce fait? Si les causes sont d'autant plus multiples que complexes, il n'en demeure pas moins que le facteur principal ayant conduit à l'exacerbation de ce phénomène est «la mauvaise distribution des richesses du pays» pour reprendre l'argument de M.Mekki. Cet état de fait conduit inéluctablement à l'augmentation exponentielle du taux de pauvreté. Et cette situation pousse des milliers d'enfants à aller sur le marché du travail en vue de subvenir aux besoins de leurs familles. «A travers les chantiers du bâtiment que nous avons visités, les enfants que nous avons interrogés ne sont même pas payés au quart du Smig» a déploré le directeur exécutif de la Forem. Aussi, si l'on tient compte des 500.000 enfants qui quittent annuellement l'école, on peut affirmer, et sans réserve, que le taux réel des enfants qui travaillent dépasse les estimations de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche. Selon une enquête réalisée en 1999 par le bureau de l'Unicef à Alger, près de 500.000 mineurs travaillent en Algérie. Parmi ces enfants, 60% sont issus du milieu urbain et 40% du milieu rural. La situation ne cesse de se dégrader et le respect des droits de l'enfant en Algérie n'est pas pour demain. Il convient de souligner en ce sens que le projet de loi sur la protection des droits de l'enfant tarde encore à être examiné par le Parlement. En attendant, les enfants continuent à payer les frais d'une conjoncture dont ils ne sont nullement responsables.