S'agissant de la nouvelle Constitution, le mouvement s'apprête à prendre part au débat «officiel» qui serait ouvert dans ce cadre. Les pieds-noirs et les fils de harkis sont indésirables pour le parti islamiste Ennahda. «Nous avons développé depuis la guerre d'Algérie une allergie contre les pieds-noirs», a déclaré, hier, le secrétaire général du parti, M.Fateh Rabi'. «De ce fait, simplifier ce sujet ne concorde pas avec les convictions du peuple algérien», a ajouté le responsable d'Ennahda qui s'exprimait dans une conférence de presse organisée à l'occasion des changements entrepris par Madjliss El Choura du parti sur la direction nationale du mouvement. Ainsi, par cette déclaration le parti d'Ennahda se démarque du chef islamiste Abassi Madani. Le patron de l'ex-Fis avait revendiqué, il y a quelques jours, une amnistie aux pieds-noirs et aux harkis. Il avait plaidé, dans un entretien accordé au journal arabophone Al Chourouk, pour une indulgence des Algériens à l'égard des harkis et de leurs enfants qui sont, selon lui, «victimes d'un contexte historique aujourd'hui dépassé». Le dossier des harkis a, faut-il le souligner, suscité une vive polémique depuis l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale en septembre dernier. Le président de la République s'était déjà exprimé sur le sujet. «Les fils de harkis et les pieds-noirs sont les bienvenus en Algérie», avait déclaré le président Bouteflika, l'an dernier, à partir de Blida où il effectuait une visite de travail. Des délégations de pieds-noirs ce sont rendues depuis, en toute quiétude en Algérie, notamment à Tlemcen qui a reçu quelque 130 pieds-noirs, et à Alger, Annaba, Béjaïa, Oran et Constantine. Il faut dire que c'est la première fois que le mouvement d'Ennahda se prononce clairement et directement sur cette question. Cette formation politique d'obédience islamiste, qui était quasiment absente de la scène politique nationale si l'on en juge par le nombre de ses manifestations politiques, est aussi l'un des rares partis islamistes à refuser «un apaisement» sur ce dossier. Evoquant la question de la nouvelle Constitution, qui alimente actuellement la scène politique nationale et dont la mouture finale sera remise ce jeudi au chef de l'Etat, M.Rabi' affirme que son parti n'est pas contre le principe de la révision. Le patron d'Ennahda parle ainsi d'une révision constitutionnelle «cohérente». Il considère, qu'aujourd'hui, il n'y a rien de nouveau concernant cette question. S'agissant de sa position par rapport à la création, par le numéro 2 de l'ex-Fis dissous, Ali Belhadj d'un parti politique, M.Rabi' a été trop général dans sa réponse en indiquant que «toute personne qui jouit de ses droits politiques et civiques a le droit de créer un parti politique», sans vouloir entrer dans les détails.