Le prix du baril de pétrole algérien monte en flèche. Sa progression est exceptionnelle. Il gagne plus de 60 dollars entre le mois de décembre 2021 et le début du mois de mars 2022. Un bond prodigieux en l'espace d'un peu plus de 2 mois seulement. D'un point de vue financier un simple calcul nous permet de constater que l'Algérie dont la production est de près d'un million de barils/jour engrange avec un tel niveau du prix du baril une manne financière quotidienne de plus de 130000000 de dollars. Exportatrice par excellence de gaz naturel, ses ventes à l'étranger doivent lui permettre d'augmenter conséquemment ses revenus avec des prix qui ont atteint des records historiques. Le prix du gaz naturel (TTF néerlandais), s'était envolé de 48%, lundi dernier, pour atteindre 285 euros le mégawattheure. Une autre niche financière et non des moindres sachant qu'en 2020 et avec un marché gazier sérieusement perturbé par la crise sanitaire, notamment où il fallait jouer des coudes pour arracher des parts de marché, l'Algérie a pu engranger 7 milliards de dollars. Un montant qui doit être largement dépassé vu la conjoncture actuelle redessinée par le conflit armé entre l'Ukraine et la Russie et les sanctions prises contre Moscou par les pays européens et les Etats-Unis, en particulier. Il faut souligner que les exportations algériennes en gaz naturel liquéfié (GNL) qui ont enregistré une croissance de 7,8% en 2021, atteignant ainsi 11,48 millions de tonnes, devraient connaître un bond significatif avec la guerre russo-ukrainienne et les menaces qui pèsent sur l'offre de la Russie qui assure 40% des importations de gaz de l'Europe. En dépit d'une situation tragique engendrée par ce terrible conflit armé sur le plan humain, les finances du pays doivent connaître une embellie qui doit lui permettre de conforter des indices macro-économiques positifs indéniables. Une balance commerciale qui doit renouer avec l'excédent, la poursuite de la réduction de la facture des importations, l'augmentation des exportations hors hydrocarbures, la préservation des réserves de change... Une conjoncture qui rassure et qui permet à l'économie nationale de tirer son épingle du jeu alors que les pronostics de certains experts ne donnaient pas cher de sa peau. La nouveauté notoire réside dans la réactivation du Fonds de régulation des recettes, prévu dans le cadre de la loi de finances 2022. Un pare-feu qui avait atteint l'équivalent de 70 milliards de dollars à fin 2014. Une épargne qui avait permis, notamment, de financer la totalité des déficits de 2014 et de 2015 et en partie ceux de 2016. La chute des revenus pétroliers lui a été fatale. Leur envolée doit lui assurer une seconde vie. Tout comme les réserves de change qui sont appelées à se refaire indéniablement une santé avec, en principe, au moins un baril au-dessus des 100 dollars pour les mois à venir. Elles sont passées de 110,2 milliards de dollars en 2007 avant de se retrouver à près de 194 milliards de dollars à la fin de 2013. L'effondrement des prix du pétrole, la facture salée des importations... les ont amputées de quelque 150 milliards de dollars en l'espace de huit ans pour s'afficher autour des 44 milliards de dollars environ aujourd'hui. Les cours de l'or noir en plein «boom» doivent mettre fin à l'érosion de cette manne fabuleuse. Le pays, qui ambitionne de faire de 2022 une année économique, est incontestablement dans une situation confortable pour relever ce défi. L'augmentation sensible des exportations pétro-gazières, de leur prix, qui demeurent l'épine dorsale de l'économie nationale, en assurant l'essentiel des revenus du pays feront partie de cet «arsenal» qui doit permettre au pays de mettre le pied à l'étrier, afin de réussir sa diversification économique. Il est vrai que l'Algérie va engranger une manne financière considérable, un surplus substantiel en devises. À l'évidence, ce matelas financier occasionnel et épéhèmère, il faut le souligner, va permettre à l'Algérie non pas de relancer des projets à l'arrêt mais de constituer des stocks alimentaires de sécurité. Le fait est important en ces temps de guerre et d'instabilité des marchés à l'international. On a vu la fébrilité et les stress enclenchés par une éventuelle rupture dans les approvisionnements en blé dont nous dépendons fortement. Par ailleurs, l'Algérie devra davantage améliorer ses capacités managériales et de contrôle pour éviter de tomber encore une fois sous les coups de boutoir de l'hécatombe de la gestion de l'ancien système. On en veut pour preuves, les affaires de corruption fracassantes qui sont traitées devant la justice algérienne.