Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, a clôturé la semaine qui s'est achevée, vendredi, à près de 95 dollars. Un scénario sur lequel n'a parié aucun expert depuis le début de la crise sanitaire notamment. La donne vient de changer pratiquement et brutalement depuis le début de l'année. Le Brent a gagné pas moins de 17 dollars, alors qu'il a progressé de quelque 60% sur une année. Une mise sur orbite fabuleuse pour l'Algérie. Le pays, qui ambitionne de faire de 2022 une année économique, est incontestablement dans une situation confortable pour relever ce défi. En profitera-t-il? la question se pose légitimement. Pourquoi? Parce que la marche a été lamentablement ratée, dans un passé récent alors qu'il était placé dans des conditions nettement plus favorables. Entre 2008, où le baril avait atteint, le 11 juillet le niveau historique de 147,27 dollars et fin 2013, l'Algérie s'adossait sur un matelas financier qui avoisinait les 200 milliards de dollars. Un peu plus de 193 milliards de dollars plus exactement. Une manne financière qui s'est effilochée au gré du temps et surtout suite à la descente aux enfers des cours de l'or noir à partir de la mi 2014, où ils affichaient plus de 122 dollars tout de même avant qu'ils ne s'enfoncent à 16 dollars, le 20 avril 2020 pour le Brent et en territoire négatif pour le pétrole américain, à moins de 37 dollars. Du jamais vu! Les prix ne reprendront des couleurs qu'avec la décision de l'Opep et de ses alliés de retirer près de 10 millions de barils par jour du marché. La suite est connue. L'Opep+ augmente sa production et met sur le marché 400 000 barils par jour, mensuellement, depuis juillet 2021. Les prix connaissent, depuis l'entame de 2022 une remarquable embellie et retrouvent leur niveau de septembre 2014. À New York, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison en mars, a pris 3,58% à 93,10 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en avril, a terminé sur un bond de 3,31% à 94,44 dollars, une cotation qui n'a pas été revue depuis plus de sept ans. Ce niveau représente 50 dollars de plus que celui qui a servi de calcul à la loi de finances du pays, confectionnée sur la base d'un baril à 45 dollars, ce qui laisse entrevoir une nette amélioration des indicateurs macro-économiques. Un retour inespéré à un excédent de la balance commerciale qui est passé de 10,504 milliards de dollars à fin septembre 2020 à 1,571 milliard de dollars à fin septembre 2021, avait fait savoir, le 21 décembre 2021, le gouverneur de la Banque d'Algérie, lors d'une rencontre entre la Banque centrale et les banques et établissements financiers. Parmi les répercussions significatives de cette fabuleuse embellie des prix de l'or noir, sur la situation financière du pays, il faut noter celui de la préservation des réserves de change. Ce bas de laine de plus de 44 milliards de dollars devrait être consolidé davantage. La diminution significative de la facture des importations, l'augmentation sensible des exportations pétro-gazières, qui demeurent l'épine dorsale de l'économie nationale, en assurant l'essentiel des revenus du pays feront partie de cet «arsenal» qui doit permettre au pays de mettre le pied à l'étrier, afin de réussir sa diversification économique. La dépendance quasi totale de l'économie nationale à la rente pétrolière «est fatale pour l'intelligence et l'esprit d'initiative», avait signifié le chef de l'Etat. À partir des deux prochaines années, la dépendance aux hydrocarbures devra être réduite d'au moins 80%, avait-il souligné. Le nerf de la guerre étant l'argent, c'est paradoxalement et incontestablement son secteur pétro-gazier flamboyant qui sera le bras armé de cette «bataille» économique.