Le réunion des élus du parti avec Ouyahia, lundi dernier, a donné à l'opinion publique l'image d'un parti nullement affecté. Le RND reste fidèle à sa ligne de conduite, à savoir, continuer à militer pour la stabilité des institutions de la République, malgré un climat politique instable et un terrain mouvant qui permettent difficilement à un parti politique de garder ses repères. C'est cette image que semble donner le Rassemblement national démocratique après avoir vécu, avec, dans l'air, un sentiment d'impuissance, la fin de règne de son chef de file, Ouyahia à la tête de l'Exécutif. C'est l'image qui ressort de son dernier conclave qui a réuni les parlementaires autour du désormais ex-chef du gouvernement. En effet, le laconique communiqué de presse qui a sanctionné cette rencontre n'a rendu publiques que les recommandations données par le premier responsable du parti aux élus pour «continuer à prendre en charge de façon sérieuse et efficace les préoccupations des citoyens au niveau de l'Assemblée nationale». Une manière de garder le contact avec le peuple et ne pas rester cloîtrés dans les salons de l'auguste institution parlementaire d'autant plus que le paysage politique national commence à changer de physionomie avec le retour en force aux affaires du frére-ennemi le FLN. Un retour symbolisé avec force détails par l'intronisation de Belkhadem à la tête de l'Exécutif en remplacement, justement, d'Ouyahia et cette action politique d'envergure de présentation d'une mouture d'amendement de la Constitution. Deux événements, qui envahissent la scène politico-médiatique, ne laissant qu'une minime marge de manoeuvre pour les autres partenaires de la coalition gouvernementale. Une situation à laquelle l'état-major du RND n'entend pas rester sans réagir puisqu'il appelle ses représentants dans les deux chambres, à marquer leur présence dans les groupes parlementaires et «participer de façon concrète au travail dans le cadre de l'Alliance présidentielle». Un message à l'adresse des partenaires de l'hémicycle pour leur signifier qu'il faudra composer avec le RND dans le débat actuel. Enfin, pour rester dans le sillage de l'oeuvre entreprise depuis sa création, Ahmed Ouyahia recommande, à ses élus, de «continuer à appuyer la concrétisation du programme du président de la République à travers la participation à soutenir les projets de textes de loi que présentera le gouvernement» et ce, pour rester fidèles «aux engagements et aux recommandations décidés par le congrès et le conseil du parti avec conviction». Ce qui signifie que le RND ne fera pas dans l'opposition comme certains observateurs l'ont laissé entendre. Le FLN se voit donc épargné par une pression et une concurrence au niveau des centres de décision des instances de la République. Ouyahia va même jusqu'à solliciter les élus du parti pour «sensibiliser et mobiliser les militants de la base au sujet du contenu de la Charte de réconciliation nationale» et «des bienfaits de la concrétisation du programme quinquennal national de développement». Politique qui aura des répercussions positives sur les conditions socio-éconoimiques des citoyens et la stabilité du pays. Une tâche dont il était le maître d'oeuvre jusqu'à un passé récent et qu'il ne peut remettre en cause sans prendre le risque de se déjuger. Le premier responsable du RND donne ainsi une réponse à ceux qui ont prévu la fin de son parcours politique et qu'il sait faire le dos rond quand la situation l'exige pour laisser passer l'orage et rebondir au moment voulu. En véritable homme du système, statut qu'il revendique, et véritable commis de l'Etat, il respecte et joue son rôle sans laisser aucune concession. Ne laissant aucune brèche pour ces politiques qu'il ne cessera pas de déranger, espérant se remettre en selle lui et son parti le moment venu. C'est peut être là que réside le secret de son imperturbable démarche politique. D'ailleurs, il n'hésite pas à faire rappeler aux élus du parti la nécessité de «mobiliser les structures de base du parti en vue des prochaines échéances électorales» prévues pour l'année prochaine. Le conclave de lundi dernier a donné, à l'opinion publique, l'image d'un parti nullement affecté par l'effacement de son secrétaire général du poste de chef de gouvernement et encore apte à faire face aux défis qui s'annoncent décisifs pour son maintien dans le paysage politique national. S'il est vrai que le RND perd du terrain par rapport à ses partenaires de la coalition présidentielle, FLN et MSP, qui se placent déjà comme les favoris potentiels au prochain suffrage, rien n'indique qu'il ne tentera pas une intrusion sur la scène par le biais de son personnel politique bien introduit dans les rouages des institutions névralgiques de l'Etat, de sa capacité de «nuisance» et de l'expérience de ses cadres. Le RND, faut-il le rappeler, est né dans l'urgence et dans le feu de l'action politique et possède donc cette capacité d'adaptation à toutes les situations, aussi imprévisibles soit-elles. Un jeu d'alliances avec certains courants politiques plus proches idéologiquement de son programme politique que ne le sont le FLN et le MSP n'est pas à écarter. Reste à Ouyahia à confirmer le calme et la sérénité affichés par son parti sur le terrain et au moment où les choses sérieuses seront entamées. L'effort que développe son état-major pour éloigner les projecteurs des médias de son activité partisane interne et le mutisme que s'est imposé son porte-parole quant aux commentaires à faire au sujet des événements qui caractérisent la scène nationale ne sont pas des signes de bonne santé. En fermant les yeux, par exemple, sur le contenu de la mouture d'amendement de la Constitution savamment distillée dans la presse par le FLN et en s'écartant du débat politique soutenu par le MSP au sujet des conditions à assurer pour un bon déroulement des prochaines élections, le RND risque l'isolement. Situation qui ne peut profiter qu'à ses partenaires dans l'Alliance prêts à se passer de cet acteur politique à qui on prévoit depuis longtemps la fin de mission. L'Algérie est loin du gouffre.