Ce roman est tout d'abord un cri. C'est un cri discontinu. L'on arrive difficilement à distinguer la douleur de la langueur. «Ma nuit est longue/ Et sans fin/ Ma flamme va s'éteindre/ Je ne peux veiller plus longtemps». Djilali Khellas emprunte sa langue à une voix mystérieuse qui semble descendre du ciel. Elle s'incruste dans un corps. Elle l'habite. Puis, au milieu d'un mirage, la voix se perd. Elle chancelle, vacille, tombe pour se lever et chuter encore pour se relever de nouveau. La voix soliloque, chante. Parfois douce, elle se replonge dans les souvenirs resurgissant subitement d'un passé décomposé ; d'autrefois angoissante, elle dévoile sa faiblesse et sa fragilité. Elle devient alors morne, lugubre, triste et mélancolique. Les sbires du spleen font souvent surface dans le roman Une mer sans mouettes de Djilali Khellas. Ecrit en arabe et publié en 1998, à compte d'auteur, le roman vient d'être traduit en français par Moussa Acherchour. Une mer sans mouettes est tout d'abord un cri. C'est un cri discontinu. L'on arrive difficilement à distinguer la douleur de la langueur. La nostalgie est omniprésente tout au long des 94 pages que contient ce livre orné de poésie et de belles paroles. C'est une romance dotée de paroles. Dans ce court roman, l'auteur relate l'histoire de Houda et du narrateur. Ils se sont connus à la fac. Une histoire d'amour d'autant plus fulgurante que violente est née entre eux. Le sentiment existant entre eux fait partie de ces passions qui puisent leurs forces de la pureté même de l'âme. Les études terminées, les deux amants ne se rencontrent qu'occasionnellement. L'amour prend alors la forme d'un incendie que toutes les eaux de tous les océans ne peuvent éteindre. Un jour qu'ils se retrouvent à Alger, ils décident de partir à la plage. Mais là, à leur grande surprise, ils assistent à un curieux phénomène: des centaines de mouettes viennent s'abattre, mortes, sur le sable doré. Ce n'est que plus tard que la télévision, dans un communiqué, nous apprend qu'un mystérieux poison a été répandu sur les côtes et dans les forêts par la «Secte des champignons malsains». Une mer sans mouettes est en somme un long poème qui, en le terminant, prend l'allure de quelque chose d'inachevé. L'auteur nous sert à petites doses. Dès qu'on se croit atteindre le summum de l'extase, il s'arrête pour nous proposer une virée dans les arcanes et chicanes du passé. Le roman est un ensemble d'aller-retour entre le passé et le présent. Djilali Khellas recourt assez souvent à la digression. A travers ce procédé, l'auteur nous transporte dans un long voyage. La nostalgie est présente tout au long du roman. L'enfance refait toujours surface. A mesure de tourner les pages, on obtient l'image pure du narrateur, qui peut être aussi l'auteur lui-même. «Ma nuit est longue/ Et sans fin/ Ma bougie va s'éteindre/ Je ne peux veiller plus longtemps». Pourtant, lorsqu'on termine le roman, on découvre que ce poème n'est en fait qu'un délire. C'est une série d'hallucinations couvertes des couleurs bariolées.