Le Haut Conseil de la langue arabe prône le débat d'idées. «Nous avons l'objectif de veiller à l'extension de la pratique de la langue arabe loin des tendances exhibitionnistes et des débats stériles.» Une déclaration faite, hier, par Ould-Khalifa, président du Haut Conseil de la langue arabe, lors de l'ouverture de sa septième session ordinaire. Elle sonne comme une réponse à ceux qui veulent faire de la langue arabe un fonds de commerce politique. Ould-Khalifa s'élève également contre ceux qui la considèrent comme le vecteur du «sous-développement et de l'infériorité» du pays. L'attitude judicieuse consiste à faire en sorte que cette langue assume réellement son caractère national et officiel, de faire aimer tamazight, s'intéresser à son héritage sincèrement. «Il n'y a que les ignorants et les irréductibles qui nient que c'est une langue nationale de par ses origines et son implantation à travers nos contrées. Elle est sur un pied d'égalité avec la langue arabe», précise-t-il. Evoquant les réformes du système éducatif, M.tahar Mila, porte-parole du HCLA et membre de la commission Benzaghou a estimé que, «implicitement, le rapport en question résume tout le mal de notre système éducatif dans l'utilisation de l'arabe comme langue d'enseignement pour les matières littéraires et scientifiques». M.Mila qualifie cette approche d'erreur dans la mesure où le sous-développement n'est certainement pas dû à la langue, c'est plutôt un état d'esprit et des mentalités dont on ne se débarrasse pas en accusant une langue, une personne ou un courant politique. La responsabilité incombe selon notre interlocuteur, «aux élites qui doivent briser le cercle vicieux d'échanges de discours belliqueux et à ce jour improductif». Bref, pour le Haut Conseil de la langue arabe, l'utilisation du français dans l'enseignement des matières scientifiques tel que prévus dans le rapport de Benzaghou ne sera en rien bénéfique à l'élève. La solution est dans la promotion et la révision des programmes scolaires. Interrogé par nos soins, sur le projet de la loi portant généralisation de la pratique de la langue arabe, instaurée en 1998, M.Mila nous dira qu'«en vertu de nos prérogatives d'institution consultative, nous n'avons aucunement le droit d'obliger une institution ou une personne physique d'utiliser l'arabe» et d'ajouter: «Le HCLA a été instauré pour promouvoir cette langue et non pour l'imposer». Le HCLA est dans ce même contexte une tribune démocratique pour le débat d'idées. «Non pour échanger des railleries et défendre des préjugés. Nous n'avons aucun complexe linguistique et nous estimons que la langue française est un héritage historique qu'il faut préserver, mais chaque pays a sa langue nationale et officielle. La nôtre demeure l'arabe», soutient le porte-parole du Haut conseil de la langue arabe. Il estime, dans cet ordre d'idées que ce qui se passe sur la scène politique, ne sont que de faux débats. En termes clairs, le HCLA renvoie dos à dos les thèses baathistes et francophiles.