«Le débat relatif à l'utilisation de la langue arabe doit être mené loin des conflits politiques et des discours extrémistes.» C'est ce qu'a déclaré, hier, M.Larbi Ould Khelifa, président du Haut Conseil de la langue arabe (HCA), dans son allocution prononcée lors de l'ouverture des travaux de la 9e Assemblée plénière du HCA. Le conférencier a tiré à boulets rouges sur les «ennemis de cette langue». L'arabe a été, de tout temps, la langue des sciences et ceux qui déclarent le contraire sont atteints d'amnésie. Néanmoins, M.Larbi Ould Khelifa a plaidé pour le dialogue. L'objectif étant de redonner à cette langue nationale et officielle sa véritable place dans la société. Un pas a été déjà franchi dans ce sens avec la promulgation de la loi relative à la généralisation de la langue arabe. Un texte qui, selon lui, n'a pas atteint les objectifs escomptés. «La violation de ce texte de loi est très grave», précise-t-il. Ce dernier a dégagé le Conseil de toute responsabilité dans cette situation, en renvoyant la balle «aux autorités concernées». «Nous sommes un organisme consultatif, et non pas une police de la langue», a-t-il insisté. Cependant, ce dernier a justifié le décalage entre les intentions officielles du pouvoir à promouvoir cette langue et la réalité par des données historiques. «L'Algérie n'est pas la Syrie ou l'Egypte». «Il ne faut pas oublier que l'Arabe a été l'ennemi numéro un du colonisateur.» Interrogé sur la déclaration du ministre de l'Education à l'APN, et dans laquelle il a déclaré clairement que l'arabe sera l'unique langue d'enseignement de toutes les matières, contrairement à ce qui a été annoncé par son prédécesseur, notre interlocuteur s'est montré très peu prolixe, en faisant savoir que «les opinions n'engagent que leurs partisans». Un membre du Conseil qui a requis l'anonymat s'est montré, en revanche, très sceptique quant aux engagements de M.Ould Khelifa. «La question demeure pour nous très floue», atteste-t-il. Cette rencontre a vu la participation de M.Karim Younès, président de l'APN. Son intervention s'est faite sur un ton très diplomatique. Loin du discours politique, M.Karim Younès a préféré faire une rétrospective sur le rôle de la langue arabe dans la naissance des sciences, «parce qu'elle plonge ses racines dans les fondements historiques de nombreuses disciplines des sciences et des arts, la langue arabe a le potentiel nécessaire pour redevenir la grande langue du savoir». Il a rejoint néanmoins le ministre de l'Education, en précisant que «la langue arabe constitue un champ disciplinaire majeur dans le système éducatif national», avant de conclure: «Cette langue constitue une composante indiscutable de la personnalité algérienne, telle que forgée par l'Histoire.»