Le représentant du Front Polisario en Espagne, Abdulah Arabi, a affirmé que les gouvernements espagnols successifs ont toujours privilégié les intérêts économiques du pays au détriment du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, dénonçant la "politique de chantage" exercée par le Maroc pour faire flancher l'Espagne quant à sa position sur le dossier sahraoui. "Tous les gouvernements qui ont existé en Espagne, y compris l'actuel, ont choisi de garantir les intérêts économiques au détriment des aspirations légitimes du peuple sahraoui", a indiqué M. Arabi dans une déclaration à l'APS, estimant "qu'ils suivent la stratégie du Maroc, qui fait du chantage avec l'immigration, la coopération en matière de sécurité, le dossier de Ceuta et Melilla ainsi que les eaux juridictionnelles des îles Canaries". Le diplomate sahraoui a, ainsi, dénoncé "ces intérêts géostratégiques et commerciaux qui font qu'il est difficile pour l'Union européenne (UE) et, en particulier, pour l'Espagne de faire pression sur le Maroc". Il a exhorté l'Espagne à assumer ses responsabilités dans la résolution du conflit au Sahara occidental. "Pour nous, l'Espagne continue d'avoir la possibilité de jouer un rôle crucial et le moment est venu pour elle de retrouver son importance historique en Afrique du Nord", a-t-il déclaré. Le représentant du Polisario a en outre exprimé sa satisfaction de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, notant qu'elle a "généré un large consensus sur la nécessité de rechercher une solution basée sur le droit international et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité". Il a souligné, dans ce cadre, le rejet au sein des membres du Conseil de la décision unilatérale prise par le président sortant des Etats-Unis, Donald Trump, de reconnaitre la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, espérant que "la nouvelle administration américaine puisse corriger cette erreur qui remet en question le système juridique des Nations Unies, aggrave la tension en Afrique du Nord, et met en péril les intérêts économiques de l'Union européenne, à l'instar de l'Espagne et de la France". Lire aussi: Le Polisario ne sera jamais acteur dans une opération ne respectant pas le droit de son peuple à l'autodétermination ''Il s'agit d'une décision erronée qui n'est pas conforme au droit international et qui rompt avec la politique historique des Etats-Unis concernant le conflit au Sahara occidental", explique-t-il. Le diplomate sahraoui regrette également la "négligence" de la communauté internationale qui permet au Maroc de piller les richesses naturelles du Sahara occidental occupé et de "faire chanter et manipuler les pays complices" de ce pillage. Néanmoins, il s'est montré confiant sur la possibilité de parvenir à une solution favorable au Sahara occidental. "La position de l'ONU sur le Sahara occidental n'a pas changé et nous continuons à croire qu'une solution peut être trouvée sur la base de la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité", a-t-il dit, dans ce sens. Commentant par ailleurs les récentes déclarations du chef du gouvernement marocain, Saadeddine El-Othmani, dans lesquelles il a estimé que les deux enclaves espagnoles Ceuta et Melilla sont des "villes marocaines", le représentant du Front Polisario en Espagne a rappelé que le gouvernement espagnol a vite réagi et a convoqué l'ambassadrice du Maroc en Espagne pour lui demander des clarifications, et que "24 heures plus tard, la vice-présidente du gouvernement espagnol a insisté sur le fait que Ceuta et Melilla sont espagnoles". "Le Front Polisario et les Sahraouis préviennent depuis plusieurs années les gouvernements espagnols de ne pas céder au Maroc, car c'est un pays insatiable en termes d'expansionnisme", a-t-il conclu.