Dans le cadre des premières rencontres sur Averroès (Ibn Rochd) qui se déroulent actuellement à Alger, la filmothèque Zinet a abrité mardi dernier la projection d'un film libanais, Bosta (l'autobus). Une comédie musicale réalisée par Philippe Aractinji (2006). Avec, entre autres, Rodney El Haddab, Nadine Nabaki, Liliane Nemri, Mounir Maleb et Bechara Akallah. Kamal, après quinze ans d'absence en France, revient au Liban après la guerre avec l'idée de reconstituer la troupe musicale et de danse formée à l'école, avec ses amis. A bord de leur bus, qui date de 1943, ils partent en tournée dans l'ensemble du pays. Une aventure collective et individuelle à travers laquelle chacun tente, non sans peine, de tourner la page du passé. Un passé de guerre, de déchirements et de malentendus difficiles à digérer. Tout au long de cette tournée, c'est le Liban qu'on découvre avec ses paysages, la coexistence de ses communautés, l'espoir d'un peuple de panser les blessures et autres héritages des affres de la guerre. Dans cette détermination d'aborder avec espoir les contraintes de l'avenir, surgit le passé qui perturbe le présent. Ainsi, on constate l'utilisation des flashs-backs et des transitions, sur fond de dabké, danse populaire libanaise dans laquelle sont intégrés d'autres genres de musique à l'exemple de la techno et du hip-hop. Ce qui procure de la gaieté, sans pour autant cultiver l'exotisme. Beaucoup de techniques sont utilisées, entre autres la plongée, la contre-plongée, le contrechamp, le jeu d'ombres et des flashs pour insuffler du mouvement et de la vie à l'image. Comme on a recours à plusieurs sortes de plans. De par cet ensemble de procédés maîtrisés, l'image constitue une réussite en matière de diégétique. Avec Bosta, il est permis d'espérer possible de faire de la peinture avec du cinéma. Un film qui, au-delà du fictif et de son côté Eros, incarne la synergie altière et rage d'un pays pour absorber un passé douloureux dans une quête inassouvie d'un avenir meilleur.