Il est demandé aux Français d'origine étrangère d'user de leur droit d'éligibilité. La crise des banlieues, l'irruption de l'extrême droite lors de la dernière élection présidentielle ont donné à réfléchir aux partis politiques qui ont réalisé l'énorme potentiel électoral de l'immigration marginalisée dans les grandes compétitions politiques. La pêche aux voix est donc ouverte à gauche comme à droite pour rallier à la présidentielle de 2007 tous ces Français d'origine étrangère. A L'UMP, Monsieur Communautés, comme l'appelle la presse, autrement dit M.Dahmane, secrétaire national, sillonne la France pour organiser Africains, Asiatiques et Arabes. Mercredi dernier, il réunissait aux côtés d'Eric Raoult, député maire de Raincy et vice-président de l'Assemblée nationale, les associations des Français d'origine asiatique pour leur transmettre son message leitmotiv: «Prenez des places, n'attendez pas que l'on vous les offre». Eric Raoult parlera, lui, longuement de l'intégration qui n'est pour lui «ni tendre la main, ni tendre le poing» mais «se prendre en main». Il est certes demandé aux Français d'origine étrangère de s'impliquer dans les élections en soutenant les candidats, mais il leur est de plus en plus proposé d'user de leur droit d'éligibilité même si les choses sont loin d'être aussi aisées. La France «black- blanc-beur» existe peut-être sur les terrains de foot et les rings mais a du mal à passer dans les isoloirs des bureaux de vote. Tous les militants d'origine immigrée de partis politiques le disent, leurs candidats font office d'alibi et sont non seulement présentés dans des circonscriptions difficiles, soit fiefs de l'adversaire, ou face à des ténors imbattables mais ont aussi fort à faire avec leurs camarades au sein de leur parti. En attendant, les présidentiables multiplient les promesses pour les législatives de 2007 à condition, bien entendu, qu'ils gagnent la présidentielle. A l'UMP, on tente d'atténuer les effets de la loi sur l'immigration choisie par de nouvelles propositions. Le président de l'UMP a soumis un projet d'aide en termes d'investissements aux pays à fort potentiel d'émigration de même qu'il a haussé l'aide au retour des familles des sans-papiers (7000 euros pour le couple, 3000 pour deux enfants et 1000 par enfant au-delà de trois). Nicolas Sarkozy a dans ce sens, pris de vitesse le Parti socialiste en se prononçant clairement sur le vote aux municipales des étrangers résidant en France, partant du principe qu'ils contribuent à la collectivité par leurs impôts et leur implication en tant que résidents de la commune. Sarkozy a annoncé que ce point sera inscrit dans son projet politique de candidat. Eric Raoult considère qu'il est dépassé de parler d'intégration pour certaines catégories d'immigrés mais de réussite car dit-il «il ne faut pas raisonner en termes de communautarisme mais de communauté de cumulatifs». Les Français quelle que soit leur couleur de peau ou leur origine sont d'abord des citoyens qui, en tant que tels, ont des droits et des devoirs, ajoute Mr Dahmane qui refuse par ailleurs «de mettre en compétition les différentes communautés». S'il y a plus de délinquants chez les Français d'origine maghrébine que chez les Asiatiques «c'est que les premiers sont des millions et vous des milliers». Proportionnellement, les Maghrébins sont effectivement la plus grande communauté qui pourrait si elle arrivait à s'organiser en lobby électoral peser de tout son poids sur les décisions du pouvoir en France. Pourtant, de l'avis général, la situation évolue car de plus en plus de Français d'origine algérienne, tunisienne ou marocaine s'investissent en politique et tentent le pari des urnes. Il est très probable qu'aux prochaines échéances électorales, ils seront plus nombreux sur les listes. Même si la société française n'est pas encore mûre pour assumer toutes ses couleurs, les communautés «visibles» gagnent lentement mais sûrement en visibilité.